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Prince chrétien et laïcité

Par Germain Philippe

Nous connaissons maintenant les pensées du Prince sur l’immigration, l’Islamisation et la France chrétienne. Il nous faut maintenant connaitre sa vision de la laïcité, ce mot inconnu des autres langues.

« Sans doute faut-il rappeler, en préambule, que la laïcité a fait partie du bagage chrétien dès l’origine du christianisme. « Rendez à César ce qui appartient à César, à Dieu ce qui appartient à Dieu » : la réponse du Christ aux Pharisiens, qui figure dans les Évangiles, a toujours réglé les rapports entre I ‘Église et I ‘État dans le monde chrétien. Les deux pouvoirs sont distincts. Cela me semble sain : d’un côté le temporel, de l’autre, le spirituel. Il y a d’ailleurs eu des conflits, parfois violents, entre le royaume de France et la papauté, I ‘un tentant d’imposer à I ‘autre sa volonté. On se souvient encore de la querelle opposant, à la fin du XIIIe siècle, le pape Boniface VIII à Philippe le Bel, qui se déclare « empereur en son propre royaume ». La Pragmatique Sanction de Bourges promulguée par Charles VII en 1438 puis le Concordat de 1516 confirment le gallicanisme royal. En 1682, la Déclaration des quatre articles rédigés par Bossuet proclame l’indépendance du roi « dans les choses temporelles ». Mais ne nous méprenons pas ! Cette distinction ne signifie pas que le roi ignore l’enseignement de l’Église. Au contraire, le souverain se comporte en roi « très chrétien » : il ne s’agit pas de renier la foi, mais seulement d’affirmer son autorité sur la conduite des affaires du pays.

Tout autre est le projet de la III° République. Jules Ferry dit vouloir « organiser I ‘humanité sans roi et sans Dieu » … C’est dans ce contexte de passions qu’est votée la loi de séparation des Églises et de l’Etat. Nous sommes bien loin de la laïcité telle que la concevaient l’Église et les rois de France : il s’agit d’une laïcité de combat, d’une idéologie qui, dans ses ultimes développements, interdit l’expression publique de la foi. …Et je déplore que ressurgisse périodiquement une laïcité étonnamment agressive dont les croyants, en général, et les chrétiens, en particulier, continuent de souffrir ».

Et, oserions nous dire, le prince nous semble faire de l’empirisme organisateur en utilisant l’Histoire de France, comme un réservoir d’expériences pour servir le présent. Citons-le longuement sur ce qu’il nomme sa « laïcité pragmatique ».

« Henri IV reste dans la mémoire des Français comme I ‘homme de la réconciliation. L’État se fait le garant de la paix civile en donnant aux protestants la possibilité de pratiquer leur culte, pourvu qu’ils respectent les termes de l’édit. C’est donc un édit de pacification et de tolérance qui organise les relations entre I ‘Etat, les catholiques et les protestants dans I ‘intérêt du pays. Ce texte peut donc être considéré comme l’une des sources de notre laïcité « pragmatique ».

« Est-ce encore possible aujourd’hui ? Il existe désormais en France de nombreuses communautés étrangères ou d’origine étrangère qui ne font pas la distinction entre le temporel et le spirituel. Nous n’avons pas non plus, chrétiens, juifs et musulmans, la même conception de la loi. C’est une difficulté qu’il ne faut pas se dissimuler si nous voulons conjurer le risque de fragmentation du pays. Je ne peux pas me résigner à I ‘idée que la France ne soit rien d’autre qu’une juxtaposition de communautés. Comment l’éviter ? La laïcité de l’État, que je distinguerai d’un laïcisme idéologique et belliqueux, est une première réponse. En garantissant la liberté des cultes, elle appelle toutes les confessions à faire preuve de responsabilité en travaillant dans I ‘intérêt général et pour le bien commun – ce qui leur interdit de verser dans I ‘excès. Il est du devoir des pouvoirs publics de s’opposer à toute forme de violence utilisée pour imposer autoritairement ses idées ou ses convictions religieuses.

« Pour autant, je ne crois pas qu’il suffise d’affirmer la laïcité de l’État pour donner à chacun I ‘envie de participer à I ‘aventure nationale, quelle que soit son origine. Là encore, il revient aux chrétiens de montrer l’exemple. La France doit être fidèle aux promesses de son baptême pour être respectée dans le monde et par tous ceux qui sont venus y vivre. Si nous dénigrons notre histoire, si nous renions notre vocation, si nous n’éprouvons pas la fierté d’être Français, pourquoi des étrangers adopteraient-ils nos lois et nos coutumes ? Comment leur faire aimer la France si nous ne I ‘aimons plus nous-mêmes ? »

Certes ce n’est pas un programme. La Monarchie n’est pas un parti. Ceci rappelé, cela ressemble bigrement à des orientations politiques pour une nouvelle « aventure nationale ». Alors oui, plein d’espérance, laissons-nous aller avec Bernanos considérant qu’un roi, c’est « un homme à cheval qui n’a pas peur ». Même si cette belle définition du vieux camelot du roi, n’est pas le tracé du quadrilatère maurrassien, nous la faisons notre.

La France est devant une alternative ; laquelle ?

Germain Philippe (à suivre)

Pour lire les précédentes rubriques de la série « L’Islam ennemi n° 1 bis », cliquer sur les liens.

  1. France,  maison de la guerre
  2. Maison de la trêve et territoires perdus de la République
  3. Impact sur la France de la révolution islamiste de 1979
  4. Les beurs et la kalachnikov
  5. Le plan d’islamisation culturelle de la France
  6. Islam radical et barbarie terroriste
  7. Pas d’amalgame mais complémentarité
  8. Pôle idéologique islamiste
  9. Pôle idéologique des valeurs républicaines
  10. Face au djihad culturel : politique d’abord !
  11. Prince chrétien et immigration-islamisation
  12. Le Prince et la France chrétienne