You are currently viewing L’éditorial de François Marcilhac dans la revue : « Le Bien Commun »

L’éditorial de François Marcilhac dans la revue : « Le Bien Commun »

TÉTANISER LE PAYS REEL

Il y a maintenant plus de dix mois, lorsque le  coronavirus a commencé à défrayer l’actualité, nul n’aurait été en mesure de prédire qu’il allait nous occuper toute l’année 2020 et qu’il menacerait encore le bon équilibre de l’année qui vient. Car si l’on en croit la parole officielle, à moins de trouver un vaccin efficace, qui rencontre, de plus, l’assentiment de nos compatriotes – à moins qu’on ne le rende obligatoire – la pandémie est encore en mesure de troubler une bonne partie de l’année 2021. Mais, une fois écartés les délires complotistes, il reste que la pandémie aura permis non pas tant de vérifier les fadaises macroniennes, reprises par des journalistes et des intellectuels de cour sans imagination sur le monde d’avant et le monde d’après, que de jauger la résistance de nos concitoyens à une orchestration de la peur sans précédent. La France s’en tire bien plus mal que son voisin d’outre-Rhin en matière de bilan humain alors même que les mesures qu’elle a prises auront été  bien plus contraignantes et bien plus dévastatrices aux plans économique et social. C’est que le covid-19 et, surtout, sa gestion chaotique par le pouvoir auront été un révélateur de nos faiblesses et de nos incohérences, à partir du moment où le pouvoir s’est aperçu que ni la laïcité ni les valeurs républicaines n’étaient davantage capables de faire reculer le virus couronné que le terrorisme islamiste. Pour le second, il y faut des policiers et des services de renseignement ; pour le premier, des lits d’hôpitaux, et pas seulement de réanimation, en nombre suffisant pour isoler efficacement et soigner les malades.  Mais le pays légal se contente trop souvent du ministère de la parole, sauf lorsqu’il s’agit d’être fort avec les faibles : les rackets officiels en matière d’attestation déclarées abusivement non valables ont le même objectif que la répression violente des Gilets jaunes : tétaniser le pays réel.  Quant aux médias, ils ont fait dans le même discours servile.
Présentant les Gilets jaunes comme des ennemis de la société – des hooligans, aurait-on dit en Union soviétique –, voire de la planète, compte tenu de leurs revendications réputées anti-écologiques, également comme des casseurs, quand les véritables agissaient en toute impunité avec la complicité du pouvoir, les médias ont commencé par nier effrontément la brutalité de la répression policière qui s’abattait sur eux. De même, s’agissant de la pandémie, le bourrage de crâne sanitaire s’est accompagné d’une accusation de complotisme contre tous ceux qui osaient mettre en doute la parole gouvernementale, même et surtout lorsqu’elle se contredisait, par exemple s’agissant des masques. Le tout, sur fond de peur, la peur sociale ou la peur sanitaire jouant le même office. Parallèlement, le pouvoir a habitué les citoyens à des privations de leurs libertés fondamentales – se déplacer, aller chez les petits commerçants, pratiquer sa religion – au nom de l’impératif sanitaire – « Prenez soin de vous » – devenu un impératif catégorique – « Prenez soin des autres », à savoir, ne mettez pas leur vie en péril, sauf dans les cas permis par les lois d’exception votées, il est vrai, non sans contestation de la part des oppositions : le métro, le RER, les supermarchés. En revanche, réclamer d’aller à la messe n’est qu’un caprice qui fait de vous un mauvais citoyen.

La pandémie aura surtout permis de mettre en lumière les choix de civilisation d’un gouvernement qui, dans une démarche utilitariste, a fait comprendre aux citoyens qu’ils n’étaient décidément plus que des producteurs-consommateurs. Quant aux vieux, on les a laissés mourir dans les EHPAD, loin de tous, et surtout de leurs familles, qui ne devaient pas voir cela : c’est que les vieux ne sont plus « utiles », du moins au sens où l’entend l’idéologie utilitariste – ils ne peuvent plus être des « outils » d’une société consumériste : ils ne présentent à leurs proches et à la société que le spectacle de leur humanité nue.

François Marcilhac

Sommaire du n°24 de décembre 2020

  • Edito

Tétaniser le réel

  • Actualités françaises

Faut-il encore changer la loi pour défier l’islamisme ? • 7 La droite par les hommes • 9 De Gaulle et la littérature • 10 Entretien avec Anne Coffinier et Axelle Girard • 12 Chronique de Stéphane Blanchonnet • 13 Le confinement contre les libertés 15 Politique étrangère En Côte d’Ivoire, la démocratie fonctionne aussi mal qu’ailleurs • 16 Immersion dans l’enfer des Yazidis • 18 Les États­Unis, un ami qui vous veut du bien

  • Philosophie

Chronique de Rémi Soulié • 20 Entretien avec le père Michel Viot

  • Dossier

 Dandrieu et les intranquilles

  • Histoire

La mort de Louis XV

  • Économie et société

La République à vau-­l’eau • 38 S’immuniser contre la mondialisation

  • Pour le Roi

À vif, chronique de Diane de Rorruan • 40 Tristes et nécessaires élites • 42 Dans la poche un bon livre

  • Idées politiques

 Conséquences politiques de la paix, cent ans après…

  • Culture

 Musique Jordi Savall, fin lettré de la musique ancienne • 47 Cinéma

Abonnements : https://lebiencommun.net/abonnements/