Par Guilhem de Tarlé
À l’affiche : Pas de vagues
Un film français de Teddy Lussi-Modeste, avec François Civil (Julien), d’après l’histoire vécue par le réalisateur quand il était professeur en collège.
« Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que votre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez votre jeunesse. »
Ne me faites pas dire ce que je n’écris pas, mais permettez-moi de poser d’abord la question de l’enseignement de Ronsard, et de bien des choses, à des classes où siègent côte à côte des enfants qui deviennent des toutes jeunes filles, et des garçons qui approchent de l’adolescence. C’est certainement la première difficulté à laquelle s’est heurté Julien, aggravée par une mixité de culture, de mœurs et de religions. L’amour courtois ne relève-t-il pas de l’identité de la France ?
Dans un contexte politiquement très correct le réalisateur nous raconte le calvaire d’un enseignant face à une classe très majoritairement d’origine africaine – qui ne sait pas qu’il a un amant – sous la pression de trois collégiennes « de souche » dont l’une d’elles l’accuse de harcèlement.
Le titre Pas de vagues montre suffisamment le déni que le réalisateur dénonce… mais, après tout, ces enseignants n’ont-ils pas leur part de responsabilité dans la situation qu’ils subissent, eux qui affirmaient que l’immigration était « une chance pour la France », et faisaient cours en arborant un badge « Touche pas à mon pote » ?
Malgré les réserves dommageables que j’évoquais ci-dessus, je ne peux que recommander cette réalisation qui nous plonge dans l’enfer concocté par une classe politique qui, plutôt que de l’écouter, a voué aux gémonies un véritable lanceur d’alerte dont la fille n’est qu’un pâle reflet.
Après l’« hirsutisme » de Rosalie, j’ai eu, en outre, le plaisir d’enrichir à nouveau mon vocabulaire mais, n’en déplaise au réalisateur, je constate que l’« astéisme » ne figure pas au Dictionnaire de l’Académie française.
Ajoutons pour conclure que ce docufiction devrait être présenté et commenté aux apprentis enseignants car il pointe du doigt les fautes à ne pas commettre…
Le professeur n’est pas le « copain » des enfants qu’il doit instruire ; il n’appuie pas une démonstration sur telle caractéristique de telle ou tel élève qui n’osera pas répliquer ; il ne privilégiera pas un groupe – fussent-ils les meilleurs – dans une invitation privative qui n’émulera pas les autres mais au contraire créera une scission dans sa classe.
Seule la notation des devoirs doit sélectionner les élèves. Je sais la ringardise de ces « notes » et de cette « sélection », mais j’assume. Mai 68 a démoli l’autorité des professeurs et, dans son élan, Edgar Faure, ministre de l’Éducation nationale, a supprimé les estrades. Julien en est une victime. Il est grand temps de remettre professeurs et élèves chacun à leur place, contrairement à ce que nous chantions à la veille des grandes vacances : « Les cahiers au feu et le professeur au milieu »…