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L’éditorial de François Marcilhac

UN COMBAT POUR LA NATION

Ceux qui avaient parié pour un « retour » du Parlement, du moins de l’Assemblée nationale, à la suite des élections législatives de juin dernier qui n’avaient permis de dégager qu’une majorité relative, en seront pour leurs frais.

UN PARLEMENT ET UN EXÉCUTIF ÉGALEMENT AFFAIBLIS

Avec le 49.3, activé par le Gouvernement sur deux textes essentiels : le projet de loi de finances et le projet de loi de financement de la sécurité sociale, et des motions de censure qui n’ont pas réussi à rassembler des oppositions qui se tirent dans les pattes plutôt que de faire front commun — mais comment le pourraient-elles, tant leurs programmes respectifs sont aux antipodes sur un grand nombre de points —, paradoxalement, c’est à un affaiblissement du Parlement auquel nous assistons depuis la rentrée. Paradoxe qui s’explique aisément : les Français ont élu une assemblée digne de la IVe République, mais dans le cadre de la Ve : le chef de l’Etat et le Gouvernement pouvant agir sans elle, l’impuissance de celle-ci ne déteint plus sur un exécutif qui ne tire plus sa légitimité d’elle. Aussi les oppositions sont-elles condamnées à surjouer une fonction contestataire, et la majorité relative à se contenter d’un rôle de figuration.

Certes, s’agissant du budget, texte emblématique de tout régime parlementaire, le gouvernement peut utiliser comme il le veut le 49.3 ; en revanche, il ne peut plus y recourir qu’une seule fois par session sur un autre texte. Cela signifierait-il que le Parlement pourrait alors reprendre la main ? S’agissant des retraites, il est fort possible que LR fasse le choix de monnayer son soutien au Gouvernement, dans un faux chantage lui donnant l’impression d’exister encore. Car cette réforme se jouera surtout dans la rue, et elle dépendra également de la situation économique qui est elle-même suspendue à la situation internationale. Quant aux autres mesures importantes portant sur l’écologie, tantôt à droite, tantôt à gauche, Macron devrait trouver de quoi faire passer l’essentiel. A moins d’attendre la session suivante afin de recourir à un nouveau 49.3.

Est-il toutefois pensable que le pouvoir navigue ainsi à vue durant cinq années, recourant à chaque fois pour le PLF et le PLFSS au 49.3, ainsi que pour un texte qu’il juge important ? L’imbroglio politique étant arrivé à maturité, Macron pourrait évidemment parier sur une dissolution et, en cas de cohabitation, sur un échec de celle-ci pour reprendre la main en 2027 (Mitterrand fut réélu en 1988 après l’échec électoral du PS en 1986), mais à travers un homme de paille (Le Maire, par exemple), puisqu’il ne peut pas se représenter …avant 2032. Politique fiction ? En République, le vrai n’est pas toujours vraisemblable.

LA NATION, CONDITION DU BIEN COMMUN

Faut-il regretter ou, au contraire, se réjouir de la situation actuelle, où le Parlement et l’exécutif sont également affaiblis ? Ni l’un ni l’autre. En République, nous le savons, le Bien commun ne peut être atteint que de manière incertaine, par accident, puisque ni l’exécutif, ni le Parlement, ne l’ont pour souci premier. Persévérer dans l’être, c’est-à-dire rassembler les conditions de leur maintien au pouvoir, telle est la raison d’être de cette volonté de puissance qui anime les acteurs politiques. Leur premier sujet de préoccupation n’est pas la nation : pour les plus désintéressés, c’est le parti, mais les partis eux-mêmes ne sont le plus souvent qu’une coalition où se mêlent intérêts collectifs et privés. D’où cette neutralité idéologique qui va des Républicains aux Socialistes, en passant par un Centrisme qui avale toute conviction un peu forte comme un trou noir. Le centre s’appelait le Marais, sous la Convention : là où le souci du Bien commun s’enlise avant de disparaître. Macron et son « en même temps » en sont la traduction au XXIe siècle, reléguant aux extrêmes ou prétendus tels ceux qui témoignent encore d’une certaine vision de la société reposant sur le peuple. Mais on sait que le peuple n’a pas le même sens à l’ « extrême » gauche et à l’ « extrême » droite : pensé en termes de classe sociale dans le premier cas, il exclut tous ceux qui n’appartiendraient pas à la classe des travailleurs ; pensé en termes de nation dans le second cas, il inclut toutes les couches de la société, sans exclure a priori quiconque.

Toutefois, ce schéma a évolué dans la seconde partie du XXe siècle par la rencontre de l’internationale du capital et celle du travail sur la figure du migrant. C’est bien la raison pour laquelle de l’extrême gauche au Marais, celui-ci devant s’entendre comme la traduction politique du consensus mondialiste, s’est instaurée une complicité idéologique : il est devenu criminel de continuer à penser en termes de nation. D’où la diabolisation continue du RN au sein de la classe politique, en dépit de tous les efforts de celui-ci pour se normaliser et paraître bien propre sur soi. Ainsi, être passé de la préférence nationale (expression qui devrait être considérée comme un pléonasme) à la priorité nationale n’aura servi de rien. Ce sont de LFI à la macronie, les mêmes cris d’orfraie au nom des mêmes « valeurs républicaines » qui accueillent toute proposition en ce sens, dénonçant un nouveau « pétainisme ». Le plus amusant est que Georges Marchais, secrétaire général du PCF, se plaignait en 1981, au meeting de Montigny-les-Cormeilles, d’être l’objet de cette même accusation de « pétainisme », parce qu’il posait déjà « le problème de l’immigration »…

L’ACTION FRANÇAISE : UN COMBAT EXEMPLAIRE

Penser en termes de nation, c’est pourtant bien la seule façon de n’exclure personne, l’étranger ayant toujours eu un statut juridique à tous les âges — il en était déjà ainsi du métèque dans la Grèce antique. C’est aussi garantir aux citoyens le droit de vivre chez eux en sécurité, au sens non seulement de la sécurité individuelle, mais aussi de cette sécurité culturelle qui fait qu’un citoyen n’a pas à être menacé, dans son propre pays, par des coutumes étrangères à la culture de celui-ci, car n’en déplaise à l’idéologie mondialiste qui imprègne de l’extrême gauche au Marais, il existe bel et bien une culture française sur laquelle il n’est pas question de transiger. Nos militants n’étaient venus rien dire d’autre, à Stains, le mois dernier : la sécession culturelle est le prélude à la sécession politique qui, elle-même, ouvre grandes les portes à la guerre intestine. Aucune communauté étrangère ou d’origine étrangère, accueillie sur notre sol et aux membres de laquelle une République trop généreuse a donné sans compter la citoyenneté française, sans omettre l’effet cumulatif du droit du sol, oui, aucune de ces communautés ne saurait faire sécession au cœur même de la nation française. En cela, de notre part, ni racisme, ni xénophobie, ni « islamophobie », terme de journaliste, comme le note le politologue Jean-Yves Camus, inventé par des islamistes dans le seul but de criminaliser toute opposition à l’islamisme. Non, mais plus simplement cet « attachement tout maurrassien » à la patrie, possible pour chacun, quelle que soit son origine, que revendiquait cet ami de l’Action française qu’était l’ancien recteur de la mosquée de Paris, le regretté Dalil Boubakeur. Quant à la « nation blanche », c’est un concept étranger depuis toujours à l’Action française mais pas, en revanche, au maire de Stains, qui l’emploie. Ni à son complice objectif, le ministre de l’éducation nationale, Pap Ndiaye qui, après avoir tenté de salir la réputation de la France aux Etats-Unis au nom de sa propre obsession racialiste, déclarait récemment : « Notre mission c’est faire de l’immigration un élément central de notre histoire. » Il ne l’est donc pas ? Quel aveu sur le caractère volontariste et agressif de cette nouvelle « mission » ! Nous ne laisserons pas le communautarisme, cette nouvelle religion étrangère à notre tradition nationale, dissoudre la France dans le même temps qu’elle dissout la République. Notre combat est et restera exemplaire.