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Gilets jaunes : l’exigence d’un ordre vrai par François Marcilhac

Rarement l’opposition entre le pays légal et le pays réel, théorisée par Maurras, n’aura été aussi pertinente : elle rend parfaitement compte de la révolte des Gilets jaunes, plus qu’une paresseuse explication par la lutte des classes, qu’il ne s’agit pas de nier, mais dont le déterminisme simpliste ne saurait révéler dans toute son ampleur ce cri de colère qui est aussi un soulèvement de l’espoir et l’exigence d’un ordre vrai.
« Qu’ils viennent me chercher ! », s’était exclamé Macron, lors de l’affaire Benalla. Les Gilets jaunes l’ont pris au mot, exprimant, à partir de l’élément déclenchant d’un ras-le-bol fiscal, une remise en cause, spontanée et exemplaire à la fois, du désordre établi. Comme le Comte de Paris, le prince Jean a lui aussi évoqué « tous ces Français et Françaises, qui supportent tout depuis plus de trente ans, mais qui n’y arrivent plus. » Car si ce mouvement est exemplaire, c’est parce qu’il est à la fois social, souverainiste et identitaire. Social, dans sa revendication d’une fiscalité plus juste et moins pesante ; souverainiste, dans l’appel à un État, moins mais mieux présent, assurant le bien commun et qui doit être souverain pour le faire ; identitaire, car ce sont les Français de souche et les immigrés assimilés qui ont porté ce mouvement de revendication profond, que les miettes, assorties de mensonges, que Macron leur a jetées en pâture, ne sauraient plus satisfaire. Car il s’agit pour eux de revendiquer, non pas une quelconque assistance, mais le droit de vivre décemment de leur travail.
On ne saurait évidemment réduire le pays légal à la caste politique au pouvoir et à ses obligés. Le pays légal, français et européen, outre la classe politique serve de l’hyperclasse financière, c’est aussi toute l’infrastructure idéologique au service de l’alignement de la France au mondialisme. Sans compter le soutien d’une classe sociale urbaine et cosmopolite, qui croit que ses intérêts sont liés à ceux de l’oligarchie, alors que, du moins les plus modestes de ces urbains, subissent les effets dévastateurs d’une métropolisation inhumaine et forcée, favorisée par le mondialisme, sans se rendre compte encore qu’ils ont les mêmes intérêts que leurs compatriotes périphériques. Les Gilets jaunes les ont-ils réveillés ? Comment expliquer, sinon, qu’au plus fort du mouvement, 75 % des Français les aient soutenus ? Il faudrait de plus être sourd, alors que le Léviathan technocratique européen semble avoir instauré le cauchemar saint-simonien de l’administration des choses aux dépens du gouvernement des hommes, pour ne pas entendre la révolte d’un pays réel écarté de toute décision, la décentralisation, inscrite dans la Constitution, s’étant traduite dans les faits par son exact contraire, une dépossession des libertés locales, au profit de structures toujours plus obèses et plus éloignées.
Il est trop tôt pour dire ce sur quoi débouchera ce mouvement populaire, surtout quand les Gilets jaunes s’apercevront que Macron leur aura menti sur toute la ligne. Quid de l’immigration, après la signature du pacte de Marrakech, planifiant l’invasion migratoire ? Quid, au printemps, des pensions de réversion, menacées alors qu’elles sont vitales pour les veuves modestes ? La cassure est toutefois définitive. Rien que pour cela, les Gilets jaunes sont un mouvement historique : le pays réel a enfin pris la parole et rompu définitivement avec un pouvoir qui lui est étranger. Les illusions d’une représentation politicienne sont définitivement évanouies, d’où la demande d’un vrai référendum d’initiative populaire, que le pouvoir enterrera. Déjà de nombreuses mairies ont repris notre idée, formulée dès le départ, d’ouvrir des cahiers de doléances. Car il manque encore aux Gilets jaunes de mettre des mots précis sur les maux : l’Europe, l’euro, l’immigration, le régime des partis à la solde de l’Étranger, la République, la grande diviseuse. Nous ne cessons pas de travailler à cette prise de conscience politique depuis le début du mouvement, afin de le faire déboucher sur un vrai renouveau national.

 

 Source : Le Bien Commun n°3, janvier 2019