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Un évêque ne devrait pas dire ça… – Boulevard Voltaire

Lorsque Talleyrand entra en agonie, on dépêcha un prêtre pour lui administrer l’extrême onction. Sur son lit de mort, ce libertin jusqu’au bout des doigts eut alors cette parole extraordinaire : « N’oubliez pas que je suis évêque. » C’est donc les revers et non les paumes de ses mains que le prêtre devait oindre d’huile. Malgré des décennies passées en rupture avec l’Église et ses sacrements, le diable boiteux n’avait pas oublié sa dignité épiscopale. Réduit à l’état laïc, il n’en restait pas moins évêque et l’est pour l’éternité, si l’on en croit la doctrine catholique.

Évidemment, la dignité épiscopale ne se mesure pas à la qualité du tissu d’une soutane, quand elle est encore portée, à la finesse d’une dentelle de crochet ou à la beauté des ornements liturgiques. Néanmoins, si l’on a bien compris, l’Église est faite de signes visibles. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’en faisant du misérabilisme depuis des décennies, nos évêques, dans leur grande majorité, ont fini par ressembler à des fonctionnaires de Courteline. Pas étonnant, alors, qu’ils soient traités en conséquence par ceux qui nous gouvernent. Globalement, dans la France de 2020, pour faire court, les généraux ressemblent encore à des généraux, les préfets à des préfets et les évêques à tout ce que vous voulez, mais pas à des évêques. De Gaulle écrivait : « L’autorité ne va pas sans prestige, ni le prestige sans l’éloignement. » Cela vaut pour le militaire, le politique mais aussi pour le religieux. À vouloir faire de la proximité, on a fait de la médiocrité. Le prestige s’est effondré et l’autorité ne dépasse guère l’enceinte des sacristies.

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