Par Jean-Philippe Chauvin
Le 3 juillet 1315, il y a 705 ans, le roi Louis X le Hutin, fils de Philippe le Bel, signe un édit, applicable en tous lieux du domaine royal (en fait, le véritable royaume de France, et non les terres sur lesquelles le roi avait « seulement » la suzeraineté), qui abolit le servage et toute forme d’esclavage sur ceux-ci, ce dernier terme pouvant correspondre à la définition d’esclave communément admise de « personne humaine considérée comme une propriété privée de ses libertés, qui ne peut changer d’activité et maintenue dans un état de servitude à l’égard d’un propriétaire, état entretenu par la force ou sous une forme non contractuelle explicite ». En fait, l’esclavage lui-même avait déjà quasiment disparu du monde occidental sous la pression de l’Eglise et parce que, dès les rois mérovingiens (et parfois sous l’influence ou la régence de leur épouse ou mère, comme la reine Bathilde au VIIe siècle, sans doute ancienne esclave et devenue sainte quelques décennies après sa mort), cette pratique « d’abord » économique n’avait plus guère de défenseurs, pour des raisons autant économiques que religieuses. L’édit clôt par la loi un processus déjà quasiment abouti.
L’esprit de cet édit est simple : « Selon le droit de nature, chacun doit naître franc (c’est-à-dire libre de condition) », d’où la maxime « Nul n’est esclave en France » popularisée et appliquée dans le royaume tout entier, ce qui le fait apparaître comme une terre de refuge pour les proscrits de toute l’Europe, et cela jusqu’à… nos jours ! Cette émancipation est aussi un élément de prestige et d’attraction valorisé par la Couronne face à des pays moins avancés sur cette question.
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