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Quand s’élève la parole royale…

Par Jean-Philippe Chauvin

En un soir de confinement, Elisabeth II, la reine d’Angleterre, souveraine du Royaume-Uni et du Commonwealth, a prononcé un discours qui, par sa simplicité et sa brièveté, a porté au-delà des frontières mêmes du pays sur lequel elle règne sans politiquement gouverner. Evidemment, certains n’ont pu s’empêcher de comparer sa courte intervention télévisée avec celles, plus longues, plus dramatisantes et moins consensuelles de l’actuel locataire du palais de l’Elysée ; les mêmes ont pu évoquer les différences de réactions à l’égard des deux chefs d’Etat, plus crispées et souvent agressives envers le président français quand elles semblaient pour la plupart plus bienveillantes, voire admiratives, envers la monarque d’un pays dont les Malouins chantent encore le rejet à la façon du mot de Cambronne…

A quoi cela tient-il ? Tout simplement à la nature institutionnelle du régime respectif des deux nations. La Cinquième République peut être qualifiée régulièrement de monarchie républicaine, il lui manque néanmoins la nature royale des institutions britanniques. C’est d’ailleurs ce qu’avait remarqué celui qui n’était encore qu’un jeune ministre sorti de la manche de François Hollande : « La démocratie comporte toujours une forme d’incomplétude car elle ne se suffit pas à elle-même. Dans la politique française, l’absent est la figure du roi, dont je pense fondamentalement que le peuple français n’a pas voulu la mort. La Terreur a creusé un vide émotionnel, imaginaire, collectif : le roi n’est plus là. On a essayé ensuite de réinvestir ce vide, d’y placer d’autres figures : ce sont les moments napoléonien et gaulliste, notamment. Le reste du temps, la démocratie française ne remplit pas l’espace. (1) ». Tout est vrai dans ce qui est dit là, même si, pour le royaliste conséquent que j’essaye d’être, je mets un visage sur cette « figure » : celle-ci s’inscrit dans une longue lignée de rois et de princes qui ne s’arrête jamais, si parfois elle glisse d’une famille à une autre, au gré de l’histoire et de la fertilité de la reine, personnage incontournable d’une royauté qui, en France, forme une trinité constituée par le roi, la reine, le dauphin

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