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Et si la monarchie était le remède aux maux de la république ?

Par Philomène Malo

Joseph Joubert, que Châteaubriand fera publier en 1838, soit plus de dix ans après sa mort, sous le titre Recueil de pensées, avançait déjà cette idée alors que la république était toute jeune.

Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts et la république vit sa cinquième version, ayant connu une douzaine de constitutions… et qu’en est-il du pays ? Les citoyens français de 2023 sont-ils heureux de vivre en république ? Celle-ci leur apporte-t-elle le bonheur qu’elle promet ?

La rédaction de L’Avorton a été invitée les 10 et 11 juin dernier à assister à la première édition du Midi blanc, autrement dit aux Rencontres royalistes de Provence. Alors, avant de couvrir l’événement, renseignements ont été pris sur ces gens venus d’un autre temps… pourquoi donc leurs rendez-vous semblent-ils toujours déranger le pouvoir en place ? Rappelons que leurs colloque et défilé parisiens devaient être annulés en mai dernier, leur hommage avignonnais à Jeanne d’Arc de même… Que se passe-t-il donc avec eux ?

Le gouvernement, les médias, les bien-pensants donnent une explication : ce sont des fachos ! Ah, j’allais donc rencontrer une bande de chemises noires pour laquelle la doctrine est ainsi résumée par le maître, Mussolini : « tout dans l’État, rien hors de l’État, rien contre l’État ». J’allais devoir côtoyer de jeunes mâles prétentieux aux idées courtes rassemblés dans une salle à la spartiate, volonté machiste oblige…

L’adresse en poche, je prends le chemin qui me conduit au Midi blanc en ce dimanche 11 juin dernier : des vignes à perte de vue, une allée d’oliviers puis de lauriers immenses… j’arrive au cœur du domaine viticole qui reçoit l’événement. Et là ce sont les vers de Baudelaire qui me viennent immédiatement à l’esprit dans son Invitation au voyage : « Là tout n’est que (…) beauté, luxe, calme et volupté ». L’architecture est splendide, les organisateurs chaleureux, les participants, détendus, venus en famille sont nombreux à muser dans le parc à l’ombre des tilleuls dont les fleurs enveloppent d’un doux parfum sucré les pensées de chacun. Des étals colorés se déploient un peu partout proposant des bijoux, des vêtements, des peintures – dont un voilier, La sirène, splendide – et autres illustrations, du miel, des navettes et une grande quantité de livres… tiens le facho saurait donc lire et apprécier l’art ?!?

Et les conférences s’enchaînent, Camus – qui, sans développer aucune théorie comme le lui reprochent les politologues, sociologues et psychologues de pacotille, évoque simplement ce qu’il voit dans la société d’aujourd’hui en esthète qu’il est –, Taquin – qui, sources à l’appui, évoque l’histoire de Toulon pendant la Révolution –, Crémiers, se succédant sur le podium, seulement interrompus pour le verre de l’amitié et le banquet ou par les joyeux chants entonnés par de belles jeunes filles, Marion, Lorraine ou Fanny, accompagnées des voix graves de leurs compagnons : « Petite à la maison, j’allais à la fontaine, pour cueillir du cresson… la fontaine était basse, mon pied coula au fond, mais par ici chemin passe, trois cavaliers barons… ».

Mais d’extrémistes… je ne vois toujours point ! Les hommes et les femmes réunis en ce dimanche parlent de l’avenir, de la société, de leur vie, constatent l’évidence, évoquent de possibles changements, avec discernement, avec intelligence, sans émotion mais avec objectivité, déplorant la technocratie née de la démocratie… simplement.

Ce dimanche à la campagne donne du grain à moudre à qui ne veut pas se laisser imposer des idées toutes faites, une vie fade et tracée d’avance… Merci au Midi blanc d’avoir eu lieu !