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SOS paysannerie

Par Gérard Leclerc

Mardi, les agriculteurs se donnaient rendez-vous devant toutes les préfectures de France à l’appel de la FNSEA et des jeunes agriculteurs. Ce n’était certes pas la première fois qu’ils manifestaient. Il y a des précédents, même parfois violents. Mais cette fois, le motif de la mobilisation pouvait surprendre, car il ne s’agissait pas directement de revendications professionnelles. C’était une sorte d’appel au secours de la part de toute la paysannerie française, et d’abord à l’adresse du président de la République. À ce dernier, ils font une demande instante : « Aujourd’hui, ça suffit, on a besoin de vous entendre. » Un peu étrange, n’est-ce pas ? Oui, il s’agit de demander à Emmanuel Macron qu’il porte de la considération à l’égard de cette partie de la population qui s’estime méprisée.

Vivre de la terre

Il n’est pas facile de cultiver la terre, aujourd’hui en France. Le ministre de l’agriculture, Didier Guillaume, le reconnaît lui-même : « Tant que les agriculteurs ne gagneront pas leur vie, ça ne pourra pas fonctionner. » Énorme paradoxe : ce sont ceux qui nous nourrissent qui sont dans l’impossibilité de vivre normalement. Mais c’est pire encore. On sait le désespoir de beaucoup qui mettent fin à leur vie. J’ai déjà signalé l’initiative du sanctuaire de Sainte-Anne d’Auray pour honorer la mémoire de centaines de paysans qui n’en pouvaient plus. Un livre poignant vient de paraître à ce sujet. Camille Beaurain, âgée de 26 ans, fait le récit du calvaire qui a amené au suicide son mari : « On travaillait du lundi au dimanche et on n’arrivait pas à payer nos factures. On vivait avec 300 euros par mois à deux » (Tu m’as laissé en vie, Éditions Le Cherche Midi).

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