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Macron-Greta… ou le syndrome Leonarda

par François Marcilhac

Invitée d’honneur du sommet sur le climat de l’ONU, Greta Thunberg en a profité pour tancer la France pour son « inaction climatique », allant jusqu’à porter plainte contre notre pays ainsi que contre l’Argentine, le Brésil, la Turquie et l’Allemagne, mais, bizarrement, pas contre les États-Unis, la Chine ou l’Inde, qui sont parmi les plus grands pollueurs, alors que les cinq pays visés ne font pas partie du Top 5 des plus gros émetteurs de CO2 de la planète. Cette plainte un peu particulière permet surtout de jeter de la clarté sur certains des lobbies qui soutiennent l’action de l’adolescente, dont le financement est toujours aussi opaque : rédigée par le cabinet international d’avocats Hausfeld avec la complicité de l’Unicef, elle a pour fondement un « protocole optionnel » de la Convention des droits de l’enfant, qui autorise depuis 2014 des enfants à porter plainte devant le Comité des droits de l’enfant de l’ONU, s’ils considèrent leurs droits bafoués. Or les cinq pays, dont la France, nigauds que nous sommes, visés par les commanditaires de Greta Thunberg, ont signé le protocole, contrairement aux  États-Unis, à la Chine ou à l’Inde. 

Il n’en reste pas moins que Macron, qui se voulait l’anti-Trump, notamment sur les questions climatiques, et qui était tout fier, hier encore, de son titre ridicule de « Champion de la terre » qui lui avait été attribué par le Programme onusien pour l’environnement (Unep) en 2018, voit sa statue de sauveur de la planète déboulonnée par une adolescente  dépourvue de toute légitimité et qui, de plus, le somme de s’expliquer. Lui qui, récemment, lui avait pourtant courageusement désigné la Pologne comme pays à dénoncer pour son énergie à base de charbon ! En tout cas, par facétie cruelle ou par ineptie, Le Figaro n’hésite pas à employer l’expression diplomatique de « refroidissement des relations » entre Macron et cette créature des médias au service des lobbies de la bien-pensance catastrophiste, dont la perception des enjeux climatiques est si pénétrante — il est vrai qu’elle perçoit le CO2 à l’œil nu —, qu’elle ne voit pas en quoi la signature du CETA pose un problème d’ordre écologique. Peut-être pense-t-elle que les importations en provenance d’outre-atlantique emprunteront, comme elle, des voiliers…

Il n’en reste pas moins que, détrôné par une adolescente que sa fragilité psychologique rend facilement manipulable, Macron, toute honte bue, se sent obligé de se justifier, tout en organisant un tir de barrage. « Quand je vois qu’on va fermer l’ensemble de nos activités charbon, qu’on stoppe l’exploitation d’hydrocarbures, qu’on est en train de bouger, je ne suis pas sûr que ce soit la voie la plus efficace », a-t-il déclaré sur Europe 1, tandis que la secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire, Brune Poirson, qui est aussi vice-présidente de l’Assemblée des Nations unies pour l’environnement (ce qui est normal, puisque son patron est Champion de la terre), renchérit : « Il est important d’avoir des personnes qui éveillent les consciences. Mais quelles sont les solutions qu’elle met sur la table? Je ne sais pas. On ne peut pas mobiliser avec du désespoir, presque de la haine ». « Haine » : voilà le mot magique lancé. Quant au ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, il enfonce le clou sur BFM-TV en direction des potaches français, bientôt électeurs : Greta Thunberg lui inspire un mélange de « sympathie » et de « vigilance »… 

Ou quand l’exécutif cherche à écorner une icône qu’il avait lui-même contribué à valoriser depuis le début de l’année : Macron l’avait accueillie en grande pompe en février dernier à l’Élysée, avant que La République en Marche ne lui déroule le tapis rouge à l’Assemblée nationale. Renvoyant l’ascenseur, c’est à ce moment qu’elle avait déclaré ne rien trouver  à redire au CETA, qui venait d’être adopté par la majorité. 

Greta Thunberg n’est évidemment qu’une baudruche. Les lobbies qu’elle sert la dégonfleront quand ils jugeront qu’elle a rempli sa fonction auprès de la jeunesse mondiale. Comme d’habitude, les idiots utiles, dont la fonction est de se pâmer d’admiration devant la première marionnette venue, en sauront pour leurs frais. Mais de nouveau, force est de constater le peu de crédibilité et de dignité de notre exécutif. Emmanuel Macron, tout Jupiter qu’il se veut, a eu François Hollande pour mentor. Il en reste manifestement quelque chose. Comme celui-ci, il prend une ado instrumentalisée qui ne représente qu’elle-même pour une interlocutrice internationale. Car ce dialogue privilégié entre Macron et Greta, et, surtout, la fin piteuse de ce dialogue, rappelle celui qui s’était établi, par média interposés, entre Hollande et Leonarda, icône à l’époque des mineurs étrangers en situation irrégulière… Elle représentait un autre lobby bien pensant, le lobby immigrationniste, avant de disparaître des radars. Le plus triste est de voir, chaque fois, la France ridiculisée à travers le chef de l’État.