L’avis du Comité consultatif national d’éthique sur l’ouverture de la procréation médicalement assistée aux couples de femmes ainsi qu’aux femmes seules nous renvoie à une réflexion fondamentale d’ordre anthropologique. Mais je constate qu’on voudrait éluder cette réflexion, au prétexte qu’elle attiserait les passions. N’est-ce pas ce que sous-entend le comité lui-même ? Christophe Castaner, le porte-parole du gouvernement va dans le même sens, lorsqu’il déclare qu’il ne faut « surtout pas avoir des positions trop fermes, trop dogmatiques qui opposeraient les uns et les autres ». En d’autres termes : surtout ne réfléchissez pas trop ! Comme en contraste je comprends et j’approuve le père Laurent Stalla-Bourdillon, directeur du service pastoral d’étude politique, lorsqu’il proteste : « Devant la montée irrépressible du pouvoir que prennent les bio-technologies sur les instances politiques, auxquelles rien ne semble pouvoir résister, il semble utile de reprendre pied avec la philosophie. »
Une philosophie que l’on expulse, au nom de la sacro-sainte lutte contre les discriminations, qui justifie tout. Je lis, par exemple, Mme Irène Théry dans Le Monde , mais elle est omniprésente sur le sujet. Pas un mot sur la question du père, dans l’enfantement, l’accueil et l’éducation de l’enfant. Circulez, il n’y a rien à voir. Pour Mme Théry, évoquer la question, c’est même insupportable. Pourtant, il y a une vingtaine d’années elle s’était attaquée philosophiquement à la paternité biologique et symbolique. C’était, il est vrai, pour la déconstruire. Déconstruire l’enracinement biologique de la procréation qui suppose la relation homme-femme. Elle tentait alors, de toutes ses forces, de minimiser cette réalité fondamentale, pour mieux détacher le symbolique de la différence sexuelle, qui est pourtant constitutive de notre humanité.
La suite