Un char turc dans la région d’Idlib, 28 février 2020 HANDOUT/AFP
Hadrien Desuin revient sur les errements de la stratégie d’Erdogan en Syrie. Il appelle les pays occidentaux à tirer les leçons d’une décennie d’échecs au Levant, et à ne pas céder à la pression migratoire exercée par les Turcs
FIGAROVOX.- La Turquie et la Russie semblent au bord d’une confrontation militaire au Moyen-Orient. Quelle lecture faites-vous de la situation?
Hadrien DESUIN.- Il est probable que les choses rentrent dans l’ordre après une poussée de fièvre qui n’est ni la première ni la dernière. La Russie et la Turquie n’ont pas intérêt à se confronter directement, cela ferait les affaires de Washington. En revanche, ils cherchent tous deux à contrôler le nord syrien. La Turquie pousse ses forces pour des raisons essentiellement migratoires; il n’y a pas de Kurdes dans la poche d’Idlib mais Ankara craint un nouvel afflux de réfugiés syriens. Et surtout elle n’a toujours pas digéré d’avoir perdu la guerre civile qu’elle a menée contre Bachar Al-Assad. Les Turcs n’ont jamais caché leur soutien aux milices djihadistes (dont HTS, la branche syrienne d’Al Qaïda) qui terrorisent cette province depuis des années. Les Russes, quant à eux, appuient l’offensive syrienne parce que ce pays est devenu leur meilleure base militaire dans la région et qu’ils veulent en faire un sanctuaire inviolable.
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