Par Henri Bec
Au mois de mars 2018, une cinquantaine d’étudiants extérieurs à la faculté envahissent la faculté de droit de Montpellier, taguant et dégradant locaux et matériels, prenant prétexte de leur opposition à la loi « Orientation et réussite des étudiants ». Malgré les appels du doyen Philippe Pétel pour solliciter la force publique, le préfet refuse. Une quinzaine d’individus fait alors irruption dans l’amphithéâtre pour déloger les intrus. Jean-Luc Coronel de Boissezon, présent sur les lieux, est entraîné dans la mêlée, prend des coups et se défend.
Tels sont les faits qui vont engendrer des sanctions invraisemblables à l’encontre du doyen et du professeur qui finissent en garde à vue. Le doyen sera révoqué pour une durée de quatre années.
Jean-Luc Coronel de Boissezon va être révoqué définitivement de l’enseignement supérieur et interdit d’exercer dans tout établissement public. Sur appel, le Conseil national de l’Enseignement supérieur et de la Recherche statuant en matière disciplinaire, pourtant marqué à gauche, réduit la sanction de révocation à quatre années.
C’était sans compter le sectarisme du ministère qui forme un recours auprès du Conseil d’État, estimant la sanction insuffisante. Scandaleusement aux ordres du ministre, le Conseil d’État vient de prononcer une radiation définitive. Toutes ces décisions mériteraient une analyse juridique approfondie.
Voilà comment l’université se sépare de l’un de ses meilleurs professeurs de droit, par ailleurs adulé par ses étudiants comme de nombreux témoignages en ont fait état.
Il s’agit à l’évidence d’une belle inversion des notions les plus élémentaires de notre droit. Celui qui est considéré comme le délinquant, le fauteur de trouble, est celui qui a tenté de rétablir l’ordre. Ce renversement avait été dénoncé par deux professeurs de droit, Anne-Marie Le Pourhiet (droit public) et François-Xavier Lucas (droit privé) dans une tribune du Figaro en février 2023 : « Aucune mention n’est faite des carences manifestes du président de l’université et du préfet à l’origine de la détérioration de la situation, alors que dans d’autres facultés, les forces de l’ordre étaient requises pour protéger les locaux et garantir les cours. Faut-il comprendre qu’un rétablissement de l’ordre musclé tendant à rendre un amphithéâtre à sa vocation naturelle est une faute disciplinaire capitale méritant, même en l’absence de dommages corporels, l’éviction définitive de l’université française ?… Aucune action n’a d’ailleurs, bien entendu, été engagée contre les étudiants auteurs de voies de fait, que ce soit aux plans civil, pénal ou disciplinaire. Jean-Luc Coronel de Boissezon ne faisant de surcroît pas mystère d’idées politiques conservatrices, il était le coupable idéal, le ‘briseur de grève’ à offrir en sacrifice ». Ajoutant, enfin : « Il est regrettable que le ministre de l’Enseignement supérieur et le Conseil d’État n’aient pas été capables de faire raisonnablement la part des choses dans cette affaire, alimentant encore le sentiment de partialité idéologique des juridictions françaises ».
Tant que cette justice restera, en effet, aux ordres d’un pouvoir partisan, ne nous étonnons pas que ses décisions soient, naturellement, empreintes d’idéologie partisane. Il est donc impératif de défendre l’ensemble de nos libertés en dépolitisant les universités ainsi que le système éducatif dans son ensemble.
L’Action française tient à exprimer son amitié et sa sympathie au professeur Jean-Luc Coronel de Boissezon.