Le conflit Jeunesse royaliste / Action française
Tout nouveau royaliste doit connaître la mémoire de sa communauté politique. Après la mort du comte de Chambord en 1883, le royalisme derrière Philippe VII s’était réduit à lui-même. Il disposait d’une presse moins puissante mais combattive. Si sa force parlementaire déclinait, ses liens avec le catholicisme social étaient très forts. Avec l’arrivée de Philippe VIII, en 1899, le mouvement de la « Jeunesse royaliste » (JR) échoue dans une tentative de coup de force. Maurras lance alors l’Enquête sur la monarchie et l’Action française s’impose. Au travers d’un sérieux conflit entre royalistes.
Cependant, beaucoup d’anciens membres de la « Jeunesse royaliste » acceptent mal la prééminence de « L’Action française », contestant sa démagogie nationaliste et surtout antisémite ainsi que ses manifestations violentes et provocatrices ; alors que tous les royalistes avaient combattu au premier rang lors des « inventaires » que la République imposa à l’Église. Les anciens « trublions » se sont assagis en s’intégrant dans l’appareil traditionnel du mouvement, ils ont l’appui des parlementaires libéraux que Maurras place parmi « les Princes des Nuées », mais il s’agit surtout d’une querelle de méthodes et d’hommes. La rivalité est particulièrement forte entre « L’Accord social » de Firmin Bacconnier et l’Action française : ils se disputent la même clientèle populaire, ils s’accusent mutuellement de collusions avec l’anarcho-syndicalisme.
Après une première alerte, en mars 1910, le conflit éclate le 25 novembre de la même année : le nouveau chef du bureau politique, le comte Henri de Larègle, publie des « Instructions » visant à garantir l’indépendance de l’appareil royaliste face à l’Action française qui ne tolère pas d’être mise à l’écart et tenue en suspicion. Le combat est inégal : le prestige des idées, le dynamisme de l’organisation, l’adhésion de la jeunesse intellectuelle contraignent le Prince à céder l’autorité de fait à la nouvelle ligue. En apparence tout semble rentrer dans l’ordre mais le choc a été rude et les conséquences sont graves.