La Chronique de Stéphane Blanchonnet (Le Bien Commun)
Un des aspects les plus déprimants de notre époque est l’effondrement du niveau intellectuel, notamment dans les médias. À l’Action française nous sommes particulièrement bien placés pour le savoir puisque notre mouvement, la plus ancienne école de pensée française, l’une des plus prestigieuses surtout, — Maurras et Bainville furent académiciens français, Léon Daudet, académicien Goncourt, Proust affirmait prendre « une cure d’altitude mentale » à la lecture du quotidien de l’AF, De Gaulle était un lecteur assidu du même journal, le jeune Mitterrand également, Lacan ou Dumézil y firent leurs débuts, la liste est sans fin… —, est régulièrement qualifié de « groupuscule » par des journalistes incultes, qui n’ont jamais ouvert d’autres livres que les trois ou quatre qui leur furent prescrits par leurs professeurs durant leurs études secondaires.
Un nouveau cap dans cet effondrement a été franchi tout récemment sur LCI par Mme Caroline Fourest. Dans un des nombreux et laborieux exercices de dénonciations des déviants et des hérétiques auxquels se livrent presque quotidiennement les petits cerbères de la télévision (s’en prenant en l’occurrence à Renaud Camus), la dame a en effet déclaré à propos de Maurice Barrès qu’il aurait été « le polémiste le plus violent de l’entre-deux guerres » ! À l’écoute de propos aussi spectaculairement inexacts, qu’il s’agisse de chronologie (Barrès est mort en 1923 et n’a pour ainsi dire pas connu l’entre-deux guerres), de classification d’un auteur (pourtant l’un des plus fameux romanciers de notre littérature) ou de jugement politique (toute personne moyennement cultivée sait que Barrès avait totalement renoncé à la polémique antisémite à la fin de sa vie), on se demande jusqu’où les médias iront après cela ! Bientôt ils accuseront peut-être Voltaire d’avoir milité au PPF ou Victor Hugo d’avoir voté pour Jean-Marie Le Pen ? À moins qu’ils ne préfèrent suspecter Chateaubriand et Tocqueville, — sans doute trop sensibles aux compliments qu’il leur adresse régulièrement —, de soutenir la candidature d’Éric Zemmour ! Au-delà de la plaisanterie il y a la menace d’une véritable dictature de la bêtise et de l’ignorance.
Mais le salut viendra peut-être de l’émergence de ce que certains, comme Adrien Abauzit, appellent avec raison, la « nouvelle opinion publique ». Nous voyons en effet depuis 20 ans se lever une génération de jeunes gens et de jeunes filles, — et il est facile de le vérifier chaque été lors de nos CMRDS, qui rassemblent une jeunesse toujours plus nombreuse —, qui rejettent le discours aussi médiocre que sectaire des gros médias et qui cherchent et trouvent des antidotes à cette doxa sur Internet, dans les rayons des bouquinistes, auprès des groupes militants et des cercles de formation dissidents.