Le 10 juin, Emmanuel Macron a annoncé la fin de l’opération Barkhane, après presque sept ans. Si elle semble très claire de premier abord, cette information est en réalité, pour reprendre le bon mot de Churchill sur la Russie, un rébus enveloppé de mystère au sein d’une énigme. Surtout que l’annonce vise plusieurs audiences différentes.
Chacun entend ce qu’il veut
Pour la majorité des destinataires de cette déclaration, les opinions publiques, cela veut dire que nos soldats rentrent à la maison illico. Ainsi, on peut parier déjà dans les semaines ou mois à venir que beaucoup de nos compatriotes vont être surpris d’apprendre que des militaires français – assez nombreux par ailleurs – continuent à opérer au Mali et que certains pourraient même mourir en action ou accident. Or, quelle que soit la forme qu’elle prendra désormais, la décision présidentielle n’annonce pas la fin de la présence militaire française dans le Sahel. Le nombre de militaires français – un peu plus de 5000 aujourd’hui – serait réduit de moitié d’ici… 2023. Certaines installations et bases vont être démantelées, fermées ou transférées à d’autres forces, ce qui peut demander plus de temps encore. La fin de Barkhane annonce toutefois la fin d’une logique, la fin d’une stratégie dans notre lutte contre les djihadistes. Désormais, ce fardeau serait porté par une force européenne, dont la France sera la colonne vertébrale. Une structure opérationnelle nommée Takuba, créée suite au sommet de Pau du 13 janvier 2020, va prendre la relève dans les mois ou années à venir. Onze États ont signé il y un peu plus d’un an une déclaration commune servant de base politique à cette « task force », et on peut espérer voir sur le terrain dans les mois qui viennent des forces estoniennes, tchèques, suédoises, italiennes, grecques et plus tard des danoises aussi. Autrement dit, l’idée est d’ « européaniser » le casse-tête sahélien ou au moins élargir le cercle des pays concernés.
La suite