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Je n’ai pas « mal à ma France », j’ai mal pour la France…

Par Gabrielle Cluzel

Jamais le spectacle d’une France à deux vitesses ne sera apparue de façon si prégnante qu’aujourd’hui. Durant des semaines, les Français ordinaires, la France bien élevée, se sont pliés docilement sans moufter à des règles aussi ubuesques que tatillonnes auxquelles n’auraient même pas osé penser Ionesco ni Devos : verbalisés pour défaut d’auto-attestation – comment être sûr, sans cela, qu’ils aient été d’accord avec eux-mêmes pour se déplacer ? Qu’ils n’aient pas pris cette décision sans même s’être demandé leur avis ? -, autorisés à acheter des tringles à rideaux, mais pas les rideaux, des pyjamas 18 mois mais pas 4 ans, des journaux mais pas des livres, des jouets pour le chien mais pas pour les enfants, interdits de culte – les fidèles ont droit de rentrer dans l’église, les prêtres aussi, mais les prêtres n’avaient pas le droit de célébrer la messe devant les fidèles… -, voilà qu’enfin, on leur « desserre la bride ». D’un chouia. Devant les commerces, des files dignes de l’Ukraine des années 50 s’étirent sur le trottoir, un employé tient le compte des clients à l’intérieur. Avec largesse, autorisation a été donnée d’aller se promener jusqu’à 20 kilomètres. Le culte est à nouveau autorisé, mais quelle que soit la nature de l’église, chaque messe ne pourra pas accueillir plus de 30 personnes. Pourquoi ? Parce que.

Nous sommes samedi, il est 15 heures, un avocat, un gros dossier sous le bras, attend donc sagement dans les locaux feutrés du Conseil d’État que l’on statue sur le référé-liberté déposé contre cette jauge de 30 fidèles.

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