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Présence réelle

Par Marc Obregon (Editorial de l’inquotidien)

«Prières de rue : pourquoi la police n’a pas verbalisé les manifestants ? » Voici donc l’accroche très classe de cette nouvelle pastille journalistique régurgitée immondement par les kapos hilares du Quotidien. On serait tenté de répondre à ces infâmes péons : « Peut-être parce qu’il reste dans le cœur de chacun – y compris de quelques fonctionnaires de police – un relent de la France véritable qui reconnaît le Christ comme son seul pasteur. Peut-être parce que malgré l’obscurcissement des Lumières, la sécularisation et la terreur, nous nous souvenons tous d’un monde que nous n’avons pas connu. Un monde où la journée était rythmée par les offices, un monde où la prière permettait à chacun, qu’il soit roturier ou noble, d’accéder à une même hauteur d’âme, de prolonger son être dans une même fibre excavée du ciel. Un monde où être français signifiait encore contempler en face l’abîme du Paraclet et chaque jour être rédimé par la présence réelle du Christ à travers l’eucharistie ».

Les prières de rue qui ont résonné ce dimanche dans les rues pluvieuses de notre vieux Royaume, voilà bien en effet l’ultime résistance à l’embourbement, à la sidération technologique, aux manutentions sordides des gouvernements et de leurs petits lois vicieuses. C’est sûr, pour ces enfardés et ces gommeux, ces invertis de la vingt-cinquième heure, ces douloureuses poches à vomi qui se targuent d’être humains et qui nous assènent chaque soir leur leçons de collaboration, prier est complètement incompréhensible. L’invisible, ça ne se monnaye pas. L’invisible ça ne se transforme pas en appli. Tout au plus peut-on s’en moquer et tenter de faire comprendre à la cohorte des pourceaux qu’il s’agit là d’une tradition primitive peu compatible avec la République des Avaleurs de Sabre. La seule transcendance dont ils sont capables, c’est probablement ce moment où leurs petites entrailles convolutées se contractent et relâchent sans crier gare un bol intestinal fermenté par leurs sucs impies. Spectacle hallucinant que de voir cette « journaliste » prévenir la police : « Regardez, ils sont en train de prier », puis interrompre un fidèle en pleine prière. Goujaterie portée à son paroxysme. On a rarement vu tel mépris du religieux, telle haine du spirituel. Évidemment, la même journaliste se serait bien gardée de faire quoi que ce soit devant un parterre de mahométans en train d’ânonner leurs sourates à la Goutte d’or. C’est probablement ce qu’on appelle l’exception culturelle…

Quelque part, c’est rassurant. Rassurant parce que tout cela nous prouve qu’ils ont peur. Tous, calfeutrés dans leurs tours de verre et dans leurs mirages cadenassés, ils serrent les fesses en cadence et ils expectorent leurs dernières salves d’immondices. Derniers sobriquets, derniers ricanements : une mousse de déglutitions qui peine à masquer leurs tremblements. Ils ont peur parce qu’ils voient bien que la France n’a jamais cessé d’être chrétienne. Et qu’elle l’est toujours plus à mesure que le siècle sombre dans la forfanterie et dans le cabotinisme de quelques larves devenues empereurs. Les églises étaient pleines à craquer cette année, et la moyenne d’âge fait mentir tous les sondages et toutes les manipulations médiatiques qui voudraient nous faire passer, nous les cathos, pour des vestiges d’un autre temps. L’Église catholique, ils pensaient qu’elle se résumait à quelques vieilles pierres, ces cons. À quelques candélabres et à des marmottements bondieusards. Ils commencent seulement à se rendre compte que l’Église est d’abord constituée de nos corps, qu’elle fait partie intégrante de notre sang, qu’elle respire entre chaque alvéole de notre organisme, qu’elle lui donne son souffle, sa symétrie. Et eux n’ont plus ni l’un ni l’autre : leur rimmel détrempe chaque jour un peu plus leurs gros visages cubiques et laisse à voir des flaques d’humeurs tuberculeuses. Leur laideur est devenue palpable, leurs âmes ressemblent à des flotteurs de chasse d’eau. Rien n’habite leur cœur, si ce n’est l’œil vide d’un pertuis infect où sont charriées des viandes aveugles. Chétifs tuteurs en bois blanc, ils ne soutiennent désormais qu’un cadavre gigantesque, exsangue, celui d’une République qui s’est auto-immolée à force de compromissions et de traîtrises. Qu’ils nous considèrent de haut, depuis leurs synodes de croupiers et d’affabulateurs. Que Darmanin et son « week-end de mansuétude » aillent se faire foutre. La mansuétude, voilà bien un terme que seuls les croyants peuvent employer. Il n’y aura jamais aucune mansuétude chez Darmanin, pas plus qu’il n’y en a chez ce gouvernement de cyborgs masqués, tous fibrillés à la même poisse séculière, brutes assujetties à l’Œil unique et aux flambeaux noirs de l’âge luciférien. Tous ces conculcateurs aux ventres mous brandissent des sceptres qui ne sont que des tiges de rôtissoires. Le nôtre soutient les Cieux et il s’appelle l’Église.