Il y a un mois à peine, Benjamin Blanchard, directeur général de SOS chrétiens d’Orient et grand connaisseur de la Syrie, me confiait combien il trouvait la situation détériorée dans le pays que dirigeait encore le président Assad. Le moral était au plus bas, la situation économique et sociale encore plus déplorable qu’au plus fort de la guerre civile et l’émigration sur toutes les lèvres.
Nul ne songeait vraiment que les hommes de Mohammed al-Joulani pourraient emporter cinquante ans de baasisme en une semaine. Mais l’observateur régulier voyait bien que la situation était impossible : quinze ans de guerres, de sanctions internationales, de rodomontades et de privations ne pouvaient rester sans lendemain. Fabrice Balanche, universitaire très respecté et excellent connaisseur de terrain du pays, expliquait d’ailleurs, conférence après conférence, que les lendemains ne chanteraient pas pour le sérail damascène.
Aujourd’hui, en Syrie, tout a changé. Ceux qui étaient hier reconnus comme une organisation terroriste apparaissent désormais aux côtés des diplomates occidentaux, engagent des discussions internationales et s’apprêtent à bénéficier de subsides internationaux dont Damas était privé depuis 2011. La reconstruction du pays, qui était interdite de facto par tous les bailleurs européens, est désormais possible. Assad est parti et les descendants de Jabat Al Nosra ont décidément fait du bon boulot puisqu’ils sont les interlocuteurs de CNN, de la BBC, de cohortes de diplomates accourant figurer au tableau de l’histoire en construction.
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