À la suite de deux rubriques sur le monde berbère, le professeur Gourinard nous entraîne dans l’histoire des « royalistes et la colonisation ». Après avoir déminé deux erreurs, il nous présente la situation à la Restauration.
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par Pierre Gourinard
Par les traités de 1814 et de 1815, la France recouvre la plus grande partie de ses possessions coloniales hormis l’Île de France dans l’Océan Indien, Tabago et Sainte-Lucie dans les Antilles, tandis que le projet de rétablissement de la souveraineté, dans la partie occidentale de Saint-Domingue demeure en suspens, en raison de l’opposition de l’Angleterre et des États-Unis.
Quant à l’article 8 du Traité de Paris de 1814, il ne règle pas pour autant la question d’un retour total à la souveraineté française. Pour les établissements du Sénégal, par exemple, la remise en possession est différée jusqu’en 1817. Pourtant, par le traité du 20 novembre 1815, qui complète celui du 30 mai 1814, la Grande-Bretagne prend des engagements.
« Restituer les Colonies, pêcheries, comptoirs et établissements de tous genres, que la France possédait au 1erjanvier 1792, dans les mers et sur les continents de l’Amérique, de l’Afrique et de l’Asie. »
Ce n’est qu’en 1818, et au prix de grandes difficultés, que la Restauration parvient à recouvrer ce que lui reconnaissaient les Traités de Paris de 1814 et 1815.
Devant de telles difficultés, les ministres de la Marine chargés de l’administration des Colonies, se consacrent à une œuvre de réorganisation autant que de restauration de la souveraineté française. Les difficultés sont sérieuses à Madagascar où l’Angleterre refuse de restituer les possessions françaises de Tamatave, Fort-Dauphin, Sainte-Luce et Sainte-Marie, considérées comme des dépendances de l’Île de France devenue Île Maurice, et restées sous la souveraineté britannique. Le Gouverneur de l’Île Bourbon, Bouvet de Lozier tient tête aux Anglais et impose la souveraineté française en 1818. Mais il est rappelé par le Ministère Decazesl’année suivante.
La reconstitution de l’Empire colonial est donc bien fragmentaire. Il faut attendre l’expédition d’Alger en 1830, pour voir s’ouvrir une nouvelle ère dans l’histoire de la colonisation française. Mais la Révolution de Juillet conduit les royalistes, maintenant légitimistes, à s’interroger sur l’attitude à adopter.
Comment voient-ils cette expansion outre-Mer, alors que la France semble embarrassée de sa conquête ? Pour eux, cette expansion constitue un moyen de ramener la France dans le concert des grandes nations et, donc, d’effacer toute séquelle fâcheuse des traités de 1815.