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Intervention d’Henri Bec

Henri Bec président de la Restauration Nationale au pied de la statue de Jeanne d’Arc place des pyramides à Paris le 14 mai 2023, à l’issue du cortège annuel en l’honneur de la sainte héroïne de la patrie et dans le cadre de la fête nationale.

Mes chers amis,

Au risque de se répéter, rappelons-nous que nous devons notre présence aujourd’hui en ce lieu à tous nos anciens, camelots et commissaires d’Action française qui se sont battus pour imposer ce défilé. C’est notre fête, c’est notre socle, c’est aussi notre leçon. Il n’est pas une simple commémoration, une tradition nostalgique, mais une marche, une vrai celle-là, une mobilisation constante malgré les embuches qu’une République chaque jour plus incapable, dresse sur notre chemin, nous venons de le subir, le rappel d’une règle politique immuable, que nous aurons de cesse de diffuser. Pierre Boutang disait que « batailler dans notre jeunesse pour restaurer le culte de Jeanne d’Arc, c’est peut‑être ce que nous avons fait de mieux à l’Action française ».

Honneur à eux.

Dans Votre bel aujourd’hui, Charles Maurras rappelait que le premier bien public de la France était la paix : « Dès que les directeurs de la politique étrangère ne font plus ce qu’ils doivent, dans un pays donné, écrivait-il, ses portes s’ouvrent, son rempart s’ébranle et l’invasion y passe : l’envahisseur supplante les premiers habitants, les met à la porte de leurs immeubles, déménage leurs biens mobiliers, digne fruits des travaux et de salaires que rien n’a plus défendus… Le premier intérêt commun à toute nation est de ne pas subir ce qui la déferait. »

Le 22 mars 1429, avant d’entamer sa campagne militaire, la jeune Lorraine écrivait aux Anglais ces lignes puissantes et visionnaires : « Je suis ici envoyée de par Dieu, le Roi du ciel, pour vous bouter hors de toute la France ». C’était un temps où le mot France signifiait quelque chose.

Notre malheur aujourd’hui, dans les jours sombres que nous connaissons, est que le chef de l’État ne croit pas en la France. Il ne croit plus qu’en l’Europe, rien d’autre qu’une espérance de substitution. Son esprit, son projet sans structure ni consistance le détourne de la nation, c’est-à-dire de la jeunesse ; nation signifie naissance. C‘est la sève par laquelle tout recommence. En son hiver mental formaté au fil de ses études au thème de la gouvernance continentale européenne prélude à la gouvernance mondiale, Emmanuel Macron ne considère la France qu’en termes d’espace territorial intégré.

Et alors que voyons-nous ? Nous voyons une Allemagne maitresse de sa politique tant intérieure qu’extérieure n’hésitant pas à faire la guerre à nos intérêts, comme toujours. Nous avons vu le Royaume-Uni retrouver sa souveraineté. Nous voyons la Russie se redonner un tsar, la Chine un empereur et les Etats-Unis toujours persuadés de leur supériorité. Partout les peuples aspirent à un état qui les défende et les soutienne. Le monde en devient-il dangereux ? Il n’a jamais cessé de l’être.

Et c’est justement la raison pour laquelle il faut être fort soi-même. Car le monde est d’autant plus dangereux quand on n’est pas en mesure de se défendre, de rendre l’ennemi potentiel prudent, de tenir sa place, de jouer un rôle, de garder ses frontières grâce à un état-national fort qui protège des états-nationaux voraces et de toutes formes d‘agressions.

Maurras a hautement démontré dans Kiel et Tanger que la République en France était incapable d’avoir une politique extérieure cohérente. La situation actuelle en est malheureusement une illustration criante. Pour des raisons de basse politique intérieure notre patrie est envahie par une immigration incontrôlée, source non seulement de difficultés de plus en plus importantes mais surtout destructrice de notre identité. Emmanuel Macron est expulsé de l’Afrique, remis à sa place par le président du Congo, moqué à Moscou et méprisé à Pékin, petit télégraphiste des États-Unis.

Oui, ce n’est pas une image mais une réalité : notre France se meurt.

Et ce n’est pas sur notre ministricule de l’intérieur que nous pouvons compter, incapable de faire face aux évènements de Mayotte, incapable de neutraliser les voyous les plus extrêmes, se croyant supérieurement habile, mais finalement ne trompant personne, en s’en prenant, à tous les patriotes, dont notre Action française, qui n’est là aujourd’hui que pour rendre hommage à celle qui a libéré le pays. Pour se dédouaner de ses échecs il ne sait que tenter de détourner l’attention sur une nation amie, au prix d’une grave crise diplomatique. Il est le type même du politicien sans foi ni loi, uniquement préoccupé de sa misérable carrière, sacrifiant les intérêts les plus élémentaires du pays, assisté par une magistrature en partie gangrénée par une idéologie mortifère. Peu à peu, comme l’enseignait Maurras, César remplace Démos.

La démocratie dont on nous vante tant les mérites n’est, apparemment, que le gouvernement du nombre, en réalité celui des oligarchies et de la finance, véritable patron d’Emmanuel Macron. La mondialisation à laquelle il travaille a massacré les enracinements traditionnels, ruiné notre agriculture, massacré notre industrie, dépeuplé la France profonde, vidé les villes à visage humain ; l’immigration incontrôlée a créé une angoisse identitaire telle que la France n’en avait pas connue depuis des siècles. Des inégalités vertigineuses ont creusé un dangereux et injuste fossé entre les Français, dénaturant la belle notion d’inégalités protectrices

Aucun redressement ne sera possible sans, de la part de tous, l’amour français chevillé au corps, sans des hommes libres et déterminés. Car, à nouveau, comme au temps de Jeanne, la patrie est en danger, en grand danger. Mais nous savons que le salut ne viendra pas d’une nouvelle invention constitutionnelle, d’un homme providentiel et de ses affidés, ou de partis avides de fonds publics, chargés avec une pléthore de communicants, de concevoir la stratégie de l’élection suivante. Réalise-t-on le côté à la fois grotesque et pathétique de la situation ?

Laissons les républicains de tous bords, même les plus fréquentables, se désespérer dans l’attente d’une bonne république. Opposons-leur seulement, de la façon la plus bienveillante afin d’être entendus, l’insolence salutaire de Jeanne. Disons-leur que nous ne voulons ni de l’homme rapetissé à l’individu isolé, ni de l‘homme augmenté que nous promet le transhumanisme. Cette opposition fait de nous les ultimes défenseurs de l’homme que la société libérale réduit peu à peu en esclavage. Les efforts doivent porter sur les points même où se concentre l’offensive, c’est-dire sur le plan politique et aussi sur le plan culturel. Cette priorité du politique dans la hiérarchie des importances est la première leçon de l’Action française.

Mais ne sombrons pas dans un pessimisme stérile. Des signes constants sont là qui nous montrent les lueurs d’une réaction, comme ces courageux officiers qui ont été empêché de défiler hier pour protester contre la tragédie qui nous menace. Des personnalités de plus en plus nombreuses n’hésitent plus à se faire l’écho de l’exaspération qui, elle aussi, irrite nombre de nos concitoyens.

Et surtout il y a, toujours plus décidée, toujours plus nombreuse, notre Action française à la pointe du combat. Avec son organisation exemplaire, sa presse, ses fédérations et sections, ses militants et son magnifique camp de formation, elle reste la seule formation à la pointe du vrai combat de salut public.

Parce que nous savons que rien ne se fera sans une réforme de nos institutions, sans l’instauration d’un régime tirant sa légitimité des profondeurs de l’histoire, maître de ses pouvoirs régaliens et seulement de ceux-là, détaché de toute ingérence étrangère ou financière, avec le seul devoir d’inscrire dans la durée la stabilité et la paix nationale. C’est le message que nous ne devons cesser de diffuser. Je sais que nous sommes tous ici, toutes générations confondues, décidés à poursuivre cette tâche.

Et lorsque ce travail sera accompli nous pourrons, avec fierté, proclamer Vive l’Action française, nous pourrons proclamer Vive l’Action française parce qu’elle aura permis de continuer à crier Vive la France, et nous pourrons continuer à crier Vive la France parce que pourront alors retentir ces trois mots de la délivrance, Vive le Roi.