Paru dans L’Action française du 12 novembre 1918
Et voici sur Paris, et voici sur la France, et voici sur le monde,
Voici dans tous les cœurs qu’avec l’auguste voix de nos canons qui gronde
Un orage de cris, une immense lueur de tempête se lève.
Vainqueurs ! Je suis vainqueur… La Victoire m’emporte au delà de mon rêve.
M’emporte au cœur de Dieu. J’assiste au pur festin, j’assiste au grand matin,
A la gloire des cœurs maîtres de leurs destins.
Qui parlait de mourir ? La vie est là sublime, immense, délivrée.
Vainqueurs !… Le feu du jour que je respire est plein d’une haleine sacrée.
Les plus humbles désirs de ma jeunesse, et les plus beaux, m’ont couronné,
Dans un grand flot d’amour, pour la seconde fois je crois que je suis né…
Paris, mon pur Paris ! ils fuient. C’est beau de croire. Ils fuient. C’est la victoire.
Viens, montons sur la Tour pour contempler ta gloire.
Paris, mon beau Paris !… Et sur l’Arc de Triomphe et sur les Invalides,
Sur le Louvre, la Seine, et le blanc Panthéon, âmes aux vents, splendides.
Dans la houle des cris, je les vois tous les morts, tous les vivants s’abattre.
Toute l’armée humaine où n’a cessé, mon cœur, de battre et de se battre
Le vrai cœur de la Terre. Ils sont là, les fervents. Et les morts sont vivants.
Les dieux sont de retour. Ô frères rencontrés, visages émouvants,
Ô drapeau dans les vents… Toute la ville baigne en un calme mystère.
Mais si pur soit le jour, on a sauvé Paris, on ne peut plus se taire.
On a sauvé le monde, on a sauvé la terre…