« Alors que la France et son ancienne colonie vietnamienne fêtent 45 ans de relations diplomatiques, Édouard Philippe est actuellement en visite au Vietnam. A cette occasion, il a visité vendredi 2 novembre le bureau du père de l’indépendance du pays, Ho Chi Minh.
« À Hanoï, je suis heureux de célébrer l’amitié entre nos deux peuples et de rendre hommage au président Ho Chi Minh, artisan de l’indépendance d’une grande et belle nation. L’austérité sereine du bureau de Ho Chi Minh montre combien le travail et le calme, la détermination et la constance servent les projets des États », a écrit le Premier ministre dans le livre d’or au terme de sa visite. » (Source : AFP)
On comprend aisément la réaction épidermique des anciens combattants et internés dans les camps de la mort du vietminh. On comprend aussi la nécessité, pour une diplomatie réaliste, d’esquisser quelques pas en direction d’une réconciliation qui profite aujourd’hui presque exclusivement à l’oncle Sam.
Pour autant, on est en droit d’espérer un minimum de décence de la part des représentants de notre gouvernement, non seulement en souvenir de nos morts mais aussi en mémoire des victimes indochinoises sur lesquelles un enfer de répression s’est abattu durant des décennies dans le silence assourdissant de nos médias et de notre opinion publique.
A l’heure où l’on parle à chaque occasion du devoir de mémoire, on est en droit de s’étonner de constater une fois de plus qu’il ne s’applique parcimonieusement que dans les circonstances ou la France est sommée de faire repentance et ne revêt, au grand jamais, un caractère de réciprocité.
Cela est d’autant plus choquant que le premier ministre aurait rendu hommage à nos morts sans présence d’aucune délégation vietnamienne, alors que lui même aurait assisté à la célébration concernant les morts vietminh.
On se souvient par ailleurs que le ministre du Culte algérien et député de la communauté algérienne, Bouabdallah Ghlamallah, était venu inaugurer la nouvelle mosquée de Torcy, en Bourgogne. C’était un vendredi de 2010 en milieu d’après-midi que ce ministre algérien avait été accueilli par le premier magistrat de Torcy en la personne de Roland Fuchet (PS). C’est ce même ministre qui avait, l’année précédente, fait fermer dix églises et s’en était justifié au journal L’Expression par cette phrase : « J’assimile l’évangélisation au terrorisme. »
L’an dernier cette mosquée radicalisée, c’est à dire dont l’imam justifiait le terrorisme au nom d’Allah, était fermée par décision préfectorale et faisait l’objet d’une enquête antiterroriste (le groupe Canne Torcy). Elle a été à nouveau inaugurée début 2018 dans des conditions apparemment plus fiables.
Là encore, on assiste aux effets d’une pseudo réconciliation avec un ancien territoire français, lui aussi soumis à un pouvoir autoritaire et corrompu, qui se permet des remontrances et admonestations chroniques envers notre nation, lui reprochant notamment l’état de dénuement dans lequel ses propres dirigeants ont mis leur pays, assis pourtant sur les milliards du pétrole et du gaz.
Mais nos dirigeants à nous ne sont pas mieux, « défenseurs des Droits de l’Homme », ils n’ont en réalité aucune conviction, aucune racine, aucune spiritualité pourtant héritée des siècles, rien à défendre d’autre que des concepts abstraits. Il ne faut pas s’attendre, dans ces conditions, à les voir se draper dans notre identité commune, ni poser des actes nous inscrivant dans la cohérence de notre histoire, celle qui fonde la solidarité nationale.
Parfois ils s’en plaignent, mais en réalité ce sont eux qui souhaitent plonger notre peuple dans l’anomie, pour, sans coups férir, permettre l’éclosion d’une société multiculturelle, laquelle pour exister doit précisément renier tout ce qui repose sur quinze siècles d’histoire.
C’est la raison et le résultat des politiques menées par ces « français reniés » comme disait Jeanne d’Arc, qui ne peut que s’accélérer et s’aggraver par le désir affiché du président Macron de courber l’échine toujours plus sous la baguette bruxelloise.
Il n’y a guère d’autres priorités pour sortir de ce mauvais rêve que de s’affranchir de la tutelle de l’UE et retrouver notre capacité d’initiative sans avoir à s’excuser d’exister en tant que Nation.
Olivier Perceval
Rédacteur en chef