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L’éditorial de François Marcilhac

LA VICTOIRE DE JEANNE D’ARC

Oui, l’Action française a, par deux fois, ce week-end, gagné contre un pouvoir en pleine débandade auprès du pays réel et qui a tenté de faire diversion en voulant interdire aux patriotes royalistes à la fois de réfléchir et de débattre — car réfléchir et débattre est une insulte en Macronie —, et de défiler en mémoire de Jeanne d’Arc dans le cadre d’une fête nationale (depuis 1920) et d’un cortège traditionnel que l’AF organise depuis …1912 ! Un colloque intéressant et intellectuellement nourri ; un cortège qui s’est déroulé de manière impeccable, à l’exception, sur l’ordre du préfet de police, d’une provocation minable des forces de l’ordre durant la minute de silence en l’honneur de Jeanne. Du reste, elles n’ont pas insisté, honteuses, certainement, de l’injure à Jeanne qu’on leur faisait commettre. Et puis, les caméras étaient là : et si malveillants soient les médias de l’oligarchie ànotre endroit, les images prouvaient la provocation gratuite et indigne.

Le thème de notre colloque était : « La France en danger » : en cherchant à l’interdire, Darmanin n’a fait que prouver sa pressante actualité. Oui, la France est en danger, et le premier d’entre eux est la dénationalisation de ses élites liée à un mépris de plus en plus affiché du pays réel et de ses droits fondamentaux. Il y a désormais un mépris ouvert du pays légal pour les libertés des citoyens, une volonté de criminalisation de toute pensée différente de celle qui entre dans le cercle vertueux de la raison dite démocratique. 

L’EXTRÊME CENTRE SUR LA VOIE DE LA RADICALISATION

À coups de décrets, de lois, de mesures bienveillantes, mais d’une bienveillance orwellienne, ou directement malveillantes, le pays légal grignote jour après jour nos libertés, communales, professionnelles, individuelles. Et aujourd’hui politiques.

Car Emmanuel Macron, le chantre d’un extrême centre qui se noie dans « un même temps » dont les Français ne supportent plus les mensonges, a choisi la voie de la radicalisation. Coupé au propre comme au figuré des Français, comme l’a montré l’effarant spectacle d’un Président noyé dans sa solitude sur les Champs-Élysées le 8 mai dernier, pour la victoire sur l’Allemagne nazie, il a décidé de bafouer les libertés politiques fondamentales de ses compatriotes en utilisant les services d’un ministre de l’intérieur, qui croit pouvoir dissimuler son incompétence à assurer la sécurité des Français, tantôt en déclenchant des crises diplomatiques avec des pays amis, tantôt par des mensonges et des amalgames scandaleux de politique intérieure et des décisions liberticides. 

La double interdiction de notre colloque et du cortège traditionnel organisé par l’Action française depuis plus d’un siècle à Paris en l’honneur de Jeanne d’Arc était, coup sur coup, deux nouveaux exemples de cette radicalisation d’un extrême centre qui se sait sur le départ et a décidé de laisser derrière lui, en matière de libertés, un champ de ruines. 

Depuis 1912, année du premier défilé organisé par les Camelots du Roi, seuls les nazis durant la seconde guerre mondiale et le ministre de l’intérieur socialiste Pierre Joxe, en 1990 et 1991, pour des raisons peu glorieuses, avaient interdit le défilé de la Jeanne, ce qui n’empêcha pas, du reste, les patriotes de l’Action française de déposer, en 1991, une gerbe aux pieds de la statue de la Sainte de la Patrie, place des Pyramides. Manifestement, Gérald Darmanin a eu la triste ambition de voir son nom accolé à ces épisodes peu glorieux. Déjà, il y a quelques semaines, un député macronien avait voulu la suppression de la Fête nationale de Jeanne d’Arc et, si le Gouvernement ne l’a alors pas suivi, on ne peut qu’être qu’inquiet sur les intentions profondes d’un pays légal qui poursuit ses lubies de « souveraineté européenne », veut imposer le pavoisement européen des mairies et ne croit plus dans la France.

Interdire un colloque et un défilé patriotique commémoratif, défilé auquel sont d’ailleurs conviés tous nos compatriotes et qui existe depuis plus de 110 ans, voilà la sinistre façon qu’a Emmanuel Macron de vouloir rassembler les Français, de « passer à autre chose ». Merci au tribunal administratif de Paris d’avoir sauvé, par deux fois, l’honneur de l’État de droit.

LA RÉALITÉ DE L’ « ARC RÉPUBLICAIN »

Notons que Gérald Darmanin a tenté son mauvais coup en réponse à deux interventions de la NUPES (Écologiste et Insoumis), lors des questions posées par les députés au Gouvernement à l’Assemblée nationale, le mardi 9 mai. Comment ne pas voir que Darmanin n’est que le petit télégraphiste d’une extrême gauche avec laquelle il a décidé de ne pas se fâcher, dans l’espoir qu’elle sera de nouveau utile à son camp en 2027 ? C’est un fait : notre matamore de la place Beauvau est le doigt sur la couture du pantalon dès qu’un mélenchoniste ou un écologiste lui donne un ordre. L’alliance d’un extrême centre et d’une extrême gauche aussi méprisantes l’un que l’autre des libertés fondamentales, voilà la réalité de l’arc républicain invoqué par le pays légal. 

Il est également significatif que, la même semaine, ait été « déprogrammé » une conférence de Florence Bergeaud-Backler, sociologue au CNRS spécialiste de l’islam, qui devait s’exprimer le vendredi 12 mai à la Sorbonne. Elle était invitée à présenter son dernier livre : Le Frérisme et ses réseaux, l’enquête (Odile Jacob). L’ouvrage vaut, depuis sa publication, à son auteur d’être accusée d’islamophobie et menacée de mort sur les réseaux sociaux. « Une décision, précisele mensuel Causeur, prise dans la confusion et la peur par la doyenne de la faculté de lettres de l’université. » Nul doute que le préfet de police de Paris ait amicalement conseillé à la doyenne de la Sorbonne de prendre cette décision, comme le prouve le fait que Darmanin ait invité la chercheuse la semaine prochaine. Ainsi, dans la France de Macron et de Darmanin, ce sont à la fois LFI et Les Frères musulmans qui donnent les ordres, qui fixent le calendrier, qui délivrent les permis de s’exprimer, de donner des conférences, d’organiser des colloques et de défiler.

Ce danger n’est pas que circonstanciel. Il est structurel. C’est la nature même de notre régime et les effets de sa décomposition qui engendrent une situation délétère pour nos libertés et notre identité même. Car durant ce temps le Conseil d’État ordonne le déboulonnement des statues à condition qu’elles rappellent l’identité chrétienne de la France.

À QUOI RECONNAÎT-ON DARMANIN ?

Darmanin a déclaré, dimanche, à la suite du Cortège traditionnel en l’honneur de Jeanne, durant lequel, de manière tout aussi traditionnelle, des slogans hostiles à la République et favorables au Roi ont été entendus : « Les attaques contre la République sont inacceptables : l’extrême droite a encore montré son visage nauséabond. » On notera la rhétorique ou, plutôt l’absence de rhétorique, propre à la gauche : suremployé par celle-ci pour désigner ses adversaires idéologiques, l’adjectif « nauséabond » est devenu un élément de langage aussi affadi que ridicule. Mais surtout, les propos de Darmaninmontrent à quel point, pour lui, la parole et singulièrement la parole politique, n’a aucune valeur, combien il est dépourvu de toute éthique politique. N’avait-il pas en effet déclaré sur le plateau de l’émission « L’Heure de pros », en février 2021, sur CNews, à Pascal Praud : « L’Action française est une association dont chacun connaît le fait qu’elle veut remplacer la République par la royauté », ajoutant que c’est « la grandeur de la démocratie et de la République d’accepter que des gens veuillent remplacer son régime. » Manifestement, le fait de subir en quelques heures un double camouflet lui a fait perdre la mémoire. Et le culte de « la grandeur de la démocratie et de la République ».

De fait, on reconnaît Darmanin à ce qu’il ose tout. Humilié, alors même qu’il l’a recherché en prenant des décisions illégales, voire anticonstitutionnelles, il risque de redoubler dans la vindicte, voire de s’y enliser. Il aurait tort, politiquement. Il est tout d’abord discrédité auprès de son propre camp, pour avoir fait preuve d’amateurisme et entraîné d’une part, le gouvernement, d’autre part le préfet de police, dans son humiliation. 

LE DEVOIR DE L’ACTION FRANÇAISE

Mais surtout, en raison de ses tentatives liberticides scandaleuses, les Français ont pu découvrir la spécificité de l’Action française et la légitimité de son discours, sa volonté de comprendre la France contemporaine et d’en débattre, et d’affirmer aussi, de manière impeccable et sereine, ses convictions royalistes en défilant tranquillement, alors que le pouvoir voulait la fondre dans une nébuleuse à laquelle sa tradition historique a toujours été étrangère.

Un vent mauvais, un vent malsain souffre actuellement sur la France : celui de l’arbitraire. Le pays légal, se sachant démonétisé auprès des Français, cherche par tous les moyens, même les plus illégaux, même les plus anticonstitutionnels, à museler les patriotes et, plus particulièrement, ces amoureux de la France et des libertés qu’ont de tout temps été les royalistes. 

L’Action française en a vu d’autres. Elle résistera, comme elle l’a fait victorieusement ce week-end, à toutes les tentatives de musellement. Car on n’a jamais muselé et on ne musellera jamais l’Action français. Non seulement parce que s’exprimer, c’est son droit, mais avant tout parce c’est son devoir envers les Français.