C’est un fait que, un peu plus de cent-cinquante ans après sa mort [1865], Pierre-Joseph Proudhon ne cesse d’intéresser la réflexion contemporaine. En particulier celle des jeunes français qui y cherchent un modèle. Les ravages que le capitalisme financier exerce aujourd’hui sur les peuples remet sa pensée au goût et à l’ordre du jour.
Le mouvement socialiste français et européen eût sans-doute été très différent si les idées de ce penseur considérable y avaient prévalu sur celles de Marx. Leur confrontation a malheureusement tourné à l’avantage de ce dernier. L’histoire du XXe siècle, marquée par la tragédie des totalitarismes, et la réalité du nôtre auraient été sans doute tout autres. On sait qu’il y eut, autour des années 1910 et suivantes, un cercle Proudhon à l’Action française ; et l’on va voir que Maurras ne niait pas qu’on pût le ranger, « au sens large », parmi « les maîtres de la contre-révolution ». Le texte qu’on va lire ici est certes daté, motivé, comme souvent, par les circonstances. Maurras y exprime néanmoins, à grands traits, le fond de sa pensée sur Proudhon et y manifeste, après réserves et nuances, la considération tout à fait particulière qu’il a toujours eue pour ce grand penseur et patriote français.
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