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La rubrique hebdomadaire de Philippe Lallement

Sensibilisation à la stratégie d’Action Française

N°2 A l’origine de la stratégie royaliste

Pour comprendre la stratégie d’A.F. il faut d’abord remonter à son origine, dans le premier texte doctrinal de Charles Maurras.

En 1899, suite à l’agitation nationaliste, la IIIe République s’est lancée dans une furieuse répression contre les chefs du parti royaliste, obligés de s’enfuir à l’étranger. C’est pourquoi le journaliste Maurras riposte en rédigeant une provocatrice Déclaration des écrivains royalistes (disponible sur le web).

C’est le célèbre texte Dictateur et roi, dans lequel il explicite une idée force :  pour que la monarchie légitime puisse libérer la société de la domination de l’oligarchie républicaine, il faut d’abord maîtriser l’État. L’autorité en haut de la société est la première dans le temps avant l’éclosion des libertés en bas.

Une fois le Pouvoir conquis, le roi pourra et même devra exercer une double fonction :

  • Dans une phase transitoire le roi se devra d’être dictateur pour faire justice des criminels d’État.
  • Ensuite et à cette condition, il pourra enfin être le roi légitime permettant au pays, au pays « réel », de se reconstituer par l’usage de libertés retrouvées.

Ce faisant, Maurras fait dans Dictateur et roi, de la stratégie politique comme monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir. Il vient de définir un processus stratégique en trois étapes séquentielles.
1. La conquête du Pouvoir ou maitrise d’état,
2. La phase de consolidation sous forme de dictature.
3. L’instauration définitive de la Monarchie fédérative génératrice des libertés.

Ce faisant Maurras n’innove pas vraiment. Il aligne Dictateur et roi sur la récente expérience républicaine.
1. D’abord les républicains ont pris le pouvoir par la conquête de moyens institutionnels. Faire voter à une seule voix de majorité, un peu par surprise, un simple amendement (Wallon) donnant le nom de République à l’État. Puis lentement faire la conquête du parlement et ensuite celle du Sénat
2. La III° république du nom jusqu’alors aux mains des monarchistes passait aux républicains qui procédèrent à une violente phase de consolidation. En 1877 ils avaient renvoyé 85 préfets, 78 secrétaires-généraux et 280 sous-préfets. Deux ans plus tard, ils procédèrent à une l’épuration encore plus radicale des personnels :  judiciaire, administratif, financier et militaire. Le dictateur républicain avait un nom, Léon Gambetta et on se souvient de sa célèbre injonction « Quand la France aura fait entendre sa voix souveraine, croyez-le bien Messieurs, il faudra se soumettre ou se démettre ». A la pratique de dictature républicaine, on donna le nom de « guillotine sèche ».
3. La « république des républicains » pouvait alors s’épanouir par la domination du pays réel par le pays légal maitrisant TOUS les moyens de l’État. Ce fut la République avec un R majuscule.

Le déploiement de cette stratégie républicaine a été explicité dans deux livres remarquables de Daniel Halévy : La fin des notables et La République des ducs. Deux ouvrages indispensables a tout royaliste soucieux de la restauration monarchique.