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L’éditorial de François Marcilhac 

QUI EST « DIE GEFÄHRLICHSTE FRAU EUROPAS ? »

Pour l’hebdomadaire allemand Stern, à quelques jours des élections italiennes, la Meloni, comme on dit en Italie sans aucune connotation péjorative, était « die gefährlichste Frau Europas », à savoir « la femme la plus dangereuse d’Europe ». La perspective de son arrivée à la présidence du Conseil italien était en effet considérée, du moins par les médias de gauche, comme le retour brut et brutal aux heures-les-plus-sombres de l’histoire européenne, en l’occurrence celles du fâchisme. Et l’inquiétude était d’autant plus vive, que, quelques jours auparavant, le parti populiste des Démocrates de Suède émergeait comme le grand vainqueur des élections dans ce pays. Désormais deuxième parti de Suède derrière les sociaux-démocrates et premier parti de droite, il est devenu incontournable pour former une coalition.

UN « POST-FASCISME » … TRÈS POLITIQUEMENT CORRECT

En Italie, les choses sont encore plus claires : Fratelli d’Italia, présenté par ses adversaires comme un parti post-fasciste, ce qui ne signifie pas grand chose, car tout parti politique italien créé après l’ère fasciste, quelle que soit sa place sur l’échiquier, est, par définition, post-fasciste, Fratelli d’Italia, donc — « Frères d’Italie » sont les deux premiers mots de l’hymne italien — est arrivé largement en tête de la coalition de droite victorieuse (constituée avec la Lega de Salvini et Forza Italia de Berlusconi), ce qui a réjoui, peut-être un peu vite, ce que l’Europe comprend de démocrates illibéraux (notamment en Hongrie et en Pologne), voire la France de populistes avoués ou inavoués.

Le fait est que l’arrivée de Giorgia Meloni à la tête du gouvernement italien ne devrait pas arrêter l’Europe de fonctionner et, encore moins, la terre de tourner. Tout a déjà été dit sur la volonté de Meloni d’apparaître à la fois comme une femme de rupture, défendant des positions jugées conservatrice sur le plan sociétal, et une femme de gouvernement, c’est-à-dire capable de rassurer le patronat, les marchés, Bruxelles et Washington — elle est ainsi bien plus favorable à l’Ukraine, aux sanctions et pour tout dire à l’OTAN, que Salvini, de la Lega, arrivé derrière elle et réputé pro-Poutine. Bref, il s’est agi pour Meloni d’apparaître comme une femme politique respectable et responsable : autant dire européennement correcte. 

UN MODÈLE POUR LA FRANCE ?

En France, comme il fallait s’en douter, les commentateurs n’ont eu de cesse d’essayer de plaquer la coalition de droite italienne sur notre vie politique. Et de se demander si Meloni était plus zemmourienne que lepéniste, si, au fond, cette victoire romaine n’était pas celle de la stratégie d’union des droites promue en France par Marion Maréchal. On sait que le Rassemblement national ne partage avec Fratelli d’Italia que la flamme tricolore : c’est avec la Lega de Salvini qu’il siège au Parlement européen au sein du groupe Identité et démocratie — les huit députés melonistes siégeant, eux, au sein du groupe des Conservateurs et réformistes européens. Et c’est Salvini que Jordan Bardella a félicité pour son élection. On sait aussi que le RN est opposé à la stratégie d’union des droites. 

C’est que, pour s’unir, encore faut-il être plusieurs. Or ni le RN d’un côté, ni, de l’autre, Les Républicains, toujours soumis de manière masochiste à l’injonction mitterrandienne — ils sont prêts à en mourrir, ce qui ne devrait d’ailleurs plus guère tarder — ne veulent d’une telle union. Car celle-ci ne pourrait se réaliser que dans le cadre, ou plutôt, le carcan d’une Union européenne qui priverait ceux qui veulent un changement véritable de toute possibilité d’action. Autant dire : la quadrature du cercle. Meloni l’a bien compris (il est vrai que près de 200 milliards d’euros d’aides européennes sont à la clef), laquelle n’apparaît plus aujourd’hui que comme un épouvantail sociétal pour les LGBTQI+, et sur les questions migratoires Elle s’apercevra toutefois bien vite que c’est encore trop ! L’obsession européenne pour les droits des « minorités » et ceux des migrants est devenue telle que les questions dite sociétales, méprisées par les conservateurs ou populistes français, sont au contraire, avec les questions migratoires, prises très au sérieux tant à Bruxelles qu’à Luxembourg (siège de la CJUE) et à Strasbourg (siège de la CEDH). Ainsi qu’à Paris : Le Maire déclarait ce matin à la radio qu’elles font partie du « patrimoine européen » (sic).… Demandez d’ailleurs aux Polonais ou aux Hongrois. Et à Salvini, en procès dans son propre pays pour s’être opposé à des ONG complices de passeurs illégaux.

URSULA : LA FEMME LA PLUS DANGEREUSE D’EUROPE

Nous avons commencé à répondre à la question que nous posions dans la langue de Goethe, au début de notre article, à la suite de l’hebdomadaire Stern : Qui est la femme la plus dangereuse dEurope ? Ce n’est assurément pas l’italienne Meloni. C’est bien plutôt l’allemande Von Der Leyen, présidente de la commission européenne. L’ancien conseiller Henri Guaino a eu raison de déclarer, il y a quelques jours, qu’elle « est devenue un vrai danger pour l’Europe. Elle incarne l’Europe de la fuite en avant. Ça n’est plus de l’ingérence, elle est complètement sortie de son rôle ». De la gestion sanitaire, économique et financière de la pandémie de covid-19 à celle de la guerre en Ukraine, en passant par les élections en Italie, menaçant le peuple italien de rétorsions multiples s’il votait « mal », il est évident qu’Ursula est devenue la femme la plus dangereuse d’Europe, se conduisant en présidente d’un État fédéral européen qui n’existe pas encore, mais qu’elle fait tout, avec son complice Macron, pour faire surgir des limbes, avec ou contre l’avis des peuples européens. 

Les Suédois, les Italiens ont répondu ces jours-ci à l’arrogance berlino-bruxelloise ; aux côtés d’autres peuples, qui ont déjà essuyé les foudres de l’institution européenne. Mais des coalitions politiciennes ne sauraient, à elles seules, faire émerger un printemps des peuples européens. Il y faudrait une prise de conscience qui dépasse le simple plan électoral. Or aucune formation politique du système n’y est naturellement prête.