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« Résister » au Mont Valérien ?

Par Olivier Perceval

L’histoire du mont Valérien sanctuarisé officiellement par le général De Gaulle qui en fit un mémorial de la Résistance, était déjà un site sacré pour les Celtes. Il doit son nom peut-être à un ermite chrétien, peut-être à un empereur païen. Il fut un lieu également de recueillement pour Sainte Geneviève. L’histoire du Mont-Valérien commence au IIIe siècle. Selon la légende, Saint Maurice aurait rapporté de la terre de Saint-Denis avec laquelle il aurait formé la butte Montmartre et le mont Valérien. Quelques siècles plus tard, des ermites transforment le site en un lieu de pèlerinage qui connaîtra son apogée avec le cardinal de Richelieu au XVIIe siècle. Cette période religieuse s’achève une première fois à la Révolution Française, puis définitivement lors de la Monarchie de Juillet en 1830.

Le Mont-Valérien reçoit alors une nouvelle vocation, celle de devenir un lieu militaire pour les transmissions de l’armée française. Sur ordre d’Adolphe Thiers, une forteresse est construite sur la colline pour protéger Paris. En 1870, elle jouera un rôle important en luttant contre les forces prussiennes et en 1871 contre les fédérés. En 1913 s’installe le 8e régiment du génie qui doit quitter la forteresse pour le front en septembre 1939. Quelques mois plus tard, l’armée allemande investit la forteresse et en fera un lieu d’exécution. Plus de 1000 hommes ont été fusillés dans la clairière entre mars 1941 et août 1944 dont l’un des premiers fut le résistant royaliste Honoré d’Estienne d’Orves. En 1947, le 8e régiment du génie revient au Mont-Valérien sous le nom du 8e régiment de transmission. *

La profanation de ce lieu sacré pour la France par des « anti passe sanitaire » a provoqué une émotion légitime, les « s » reprenant de plus la calligraphie des « ss » de sinistre mémoire. Cependant, les réactions des pouvoirs publics qui y voient encore une atteinte à la République, pour un lieu qui s’inscrit dans la tradition religieuse de notre nation depuis au moins le troisième siècle, constitue une autre profanation également inacceptable. En effet, la République n’est pas la France comme le rappelait brillamment François Marcilhac sur notre site et non moins brillamment Charlotte d’Ornellas dans une récente chronique de « C News ». Cette confusion tend à réduire notre patrie à une institution politique qui la gouverne et vise à remplacer une civilisation millénaire par une portion historique tumultueuse, vieille de deux siècles.

Pour revenir au tag malencontreux qui nous occupe, on peut imaginer que ce haut lieu de la résistance a été choisi pour évoquer une autre résistance, celle que mène une partie de la population contre le dictat sanitaire. Du reste le porte-parole du gouvernement, repris abondamment par une presse complice, n’a pas eu de mots assez durs pour flétrir l’audace sacrilège de ceux qui osent comparer ce que nous vivons, avec ces heures sombres de notre histoire, selon la formule consacrée.  J’entends encore les hurlements de certains consultants des chaines d’information, lesquels comparent avantageusement notre belle démocratie, au régime de la Corée du Nord, pour conclure que les mécontents doivent s’estimer heureux de ne pas être conduits en camps de travail (sous-entendant ainsi que si cela ne tenait qu’à eux…).

Le sociologue Michel Maffesoli nous prévient cependant dans son dernier ouvrage – « L’ère des soulèvements » aux éditions du Cerf – que, profitant de la fin des idéologies, les élites au pouvoir entendent instaurer un ordre nouveau qu’il qualifie de totalitarisme doux. Aseptiser la vie sociale en sollicitant la soumission du peuple, la servitude volontaire prophétisée par La Boétie, finit par provoquer à terme des secousses et des réactions inattendues, comme celles d’un être privé d’air refusant l’asphyxie. 

Alors oui, un crétin inculte a commis cette infamie à laquelle aucun vrai résistant, conscient de la gravité de sa mission, ne pourrait adhérer.  Attendons-nous néanmoins à voir fleurir ici ou là des actes irréfléchis d’hommes et de femmes peut être trop habitués à un minimum de libertés et qui se voient conspués, montrés du doigt comme de mauvais citoyens, des égoïstes, à qui on promet, à cause de leur persistance à refuser le vaccin, un déclassement social, une « vie de merde » comme l’ont élégamment exprimé des conseillers du président.

On ne peut pas non plus totalement écarter une provocation venant de la mouvance des « vaccinistes », sentant que le troisième rappel, en attendant le suivant et la sixième vague, précédant la septième, font perdre progressivement du crédit au système de santé mondial, tandis que Pfizer et ses semblables encaissent les dividendes de la pandémie. La peur et l’indignation à sens unique, sont d’excellents vecteurs de la discipline aveugle et nos oligarchies mondiales savent très bien manipuler ces outils de dressage.

 Bien sûr, et il faut le redire , rien ne justifie cette profanation de notre Histoire commune, mais nous entrons dans « l’ère des soulèvements » et nous ne sommes pas sûr que le présent État macronien, lui-même au service de plus puissants que lui, soit à la recherche de l’unité nationale paisible, préférant plutôt exclure socialement ceux qui lui résistent.

*Source http://www.mont-valerien.fr