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IL Y A DU TRAVAIL SUR LA PLANCHE !

L’éditorial de François Marcilhac

Alors que les plus modestes des Français affrontent, après la pandémie et les déboires économiques et financiers qu’elle a engendrés, une hausse sans précédent des prix des carburants du gaz – sans compter celle de l’électricité –, le Gouvernement, que la crise des Gilets jaunes n’a manifestement pas échaudé, atermoie, renvoyant la responsabilité de cette hausse aux « marchés », voire à la Russie, grande pourvoyeuse de gaz à l’Europe (elle lui fournit un tiers de sa consommation), éternel bouc émissaire, sommée d’accroître ses exportations, une demande pressante à laquelle, bon prince, Poutine a décidé de répondre favorablement, ce mercredi 13 octobre, jugeant « très important » de stabiliser à terme le marché du gaz – du moins est-ce ce qu’il a déclaré à l’ouverture d’un forum énergétique à Moscou.

Selon l’économiste en chef du Fonds monétaire international (FMI), Gita Gopinath, l’accalmie va encore se faire attendre. Dans un entretien accordé à l’Agence France-Presse et rapporté par Le Point, elle explique : « Pour le moment, même si à court terme […] pendant les quelques mois d’hiver, les prix de l’énergie seront élevés, nous nous attendons à ce qu’ils redescendent d’ici la fin du premier trimestre de l’année prochaine et au cours du deuxième trimestre. » 

Il serait donc ridicule de nier les effets des fluctuations du marché sur le prix de l’essence, du gazole ou du gaz payé par le consommateur final et, en cela, cette hausse n’a pas été décrétée dans les cabinets hors sol des ministères parisiens, comme celle des taxes sur l’essence qui avait provoqué l’ire du pays réel à l’automne 2018. En revanche, le refus de baisser les taxes est bien de la responsabilité du Gouvernement, d’un Gouvernement en grande partie prisonnier d’une double idéologie : celle qui l’asservit à l’Europe, qui doit valider toute politique en la matière, et celle des écologistes qui voient, finalement, d’un très bon œil cette hausse vertigineuse, qui ne peut qu’inciter les Français qui se chauffent au gaz, au fioul ou circulent au diesel à modérer leur consommation d’ « énergies fossiles », fût-ce au prix de leur santé ou de celle de leurs enfants, et à limiter leurs déplacements, dans la mesure du possible. Car il faut bien aller travailler. Du reste, la dernière charge surréaliste d’Emmanuelle Wargon, la ministre du logement, contre les maisons individuelles, au nom, bien sûr, de l’impératif écologique, en dit long sur le mépris de nos élites à l’encontre des Français qui boudent de plus en plus l’entassement dans des métropoles polluées et polluantes. N’est-elle pas allée jusqu’à inventer le concept orwellien d’ « intensité heureuse », pour requalifier la vie dans les grands ensembles ? L’écologisme : le communisme du XXIe siècle ? Quoi qu’il en soit, aux yeux de ces gens-là, baisser les taxes ou la TVA serait envoyer un mauvais signal… Qu’importe à ces privilégiés la double ou triple peine (financière, sociale, sanitaire) vécue par ces Français périphériques qui, non contents de n’être rien, ne savent, en plus, exister qu’en polluant ?    

Certes, le pouvoir joue les mesures de court terme, espérant ainsi passer le cap de l’hiver, en surjouant, finalement, son impuissance à changer la donne. Pense-t-il toutefois que les Français accepteront longtemps d’avaler la ficelle, qui est un peu grosse, et ne finiront pas par se demander à quoi sert un pouvoir qui ne peut pas ? Il est vrai qu’aucun des candidats déclarés ne remet en cause notre soumission juridique au Léviathan européen, qui doit, nous l’avons dit,   valider les mesures éventuelles de baisses de taxes ou de TVA — les Français vont, dans leur factures énergétiques, jusqu’à payer de la TVA sur les taxes ! Mais, surtout, c’est Bruxelles qui nous a imposé la mise en concurrence du secteur de l’énergie, la dislocation de services publics qui satisfaisaient tous les Français – le dernier en date : nos barrages –, jusqu’à la disparition des tarifs réglementés en 2023, laquelle entraînera à moyen terme une hausse encore aggravée des prix de l’énergie – cela s’est partout vérifié. On dit que, trop souvent, nos politiques se défaussent sur l’Europe : en cela, ils ne mentent pas, mais ils oublient de préciser qu’ils ont voulu leur propre impuissance et cette mise en concurrence, et sont donc responsables des conséquences de celle-ci. Cette obsession de la mise en concurrence de tous les biens communs va jusqu’à nous contraindre, alors que notre électricité est, pour la plus grande partie, d’origine nucléaire, d’en aligner le prix sur celui du gaz, en raison de règles européennes instaurées pour constituer un marché unique de l’énergie, dont le consommateur final se moque bien ou, plutôt, voit les conséquences funestes en réglant sa facture.

À l’heure où nous écrivons, nul ne peut dire si le Gouvernement réussira à juguler le mécontentement qui monte, dans tout le pays. Sa morgue à l’égard des Français, qui n’a d’équivalent que sa soumission à Bruxelles, ne préjuge rien de bon. En janvier, Macron prendra la présidence tournante du Conseil européen, pour six mois — jusqu’à fin juin 2022. Nul doute qu’il en fera un argument de campagne électorale. Nul doute surtout qu’il en profitera pour faire avancer ses marottes europhiles, déconnectées non seulement des besoins des Français mais, plus encore, des aspirations des autres peuples européens, qui sont bien plus nationalistes que nous ! Le pays réel va-t-il retrouver la voie des manifestations ? Macron et ses satellites en profiteront alors pour apparaître de nouveau comme le parti de l’ordre. Et engranger les voix d’un électorat frileux. Soyons, quant à nous, déterminer à montrer à nos compatriotes que la solution ne saurait résider dans un simple changement de président. Si nous pouvons souhaiter que tel ou tel soit élu de préférence à tel autre, si nous devons même nous démener pour éviter le pire, demeurons lucides : il y a du travail sur la planche pour libérer la France d’une République plus apte à affirmer la force absolue de ses lois, fût-ce aux dépens de nos libertés fondamentales, dont la liberté religieuse, avec laquelle elle a toujours été fâchée, qu’à assurer le Bien commun.  Oui, il y a du travail sur la planche !