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Individualisation des peines, sauf pour l’Église ?

Par Hildegarde

Les plateaux télé, les radios, les réseaux sociaux se sont emparés du rapport Sauvé commandé par l’Église pour faire la lumière sur la pédophilie en son sein. Il est peu de dire que les catholiques sont sous le choc. Comment admettre que ceux qui ont fait de l’Évangile leur vie aient pu souiller ceux que le Christ protègent entre tous :

« Mais si quelqu’un scandalise un de ces petits enfants qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu’on lui attache au cou une meule d’âne et qu’on le jetât au fond de la mer » (Mt 18-6)

Certains peuvent discuter le nombre extrapolé de victimes, la probité de « l’auteur(e) » des recherches* ou rappeler que c’est l’Église elle-même qui a diligenté l’enquête, il reste la honte qui s’est abattue sur les fidèles tant la faute est grande et le crime odieux.

Nous savons bien sûr que ce crime n’est malheureusement pas seulement le fait de prêtres, mais c’est incontestablement une circonstance aggravante et l’on comprend mal le silence de la hiérarchie. Il est vrai que l’on ne peut séparer les faits de l’époque dans laquelle ils se produisent : libération sexuelle sans limites, apologie même de la pédophilie, protection abusive des coupables plutôt que des victimes, laxisme dans les séminaires… Ces courants de pensée ont infesté l’Église, laquelle n’étant pas du monde est bien, et peut-être un peu trop, dans le monde.

Les prélats se sont refusés à juger en interne – et pourtant le droit canon existe, les sanctions pouvant aller jusqu’à l’excommunication ce qui pour un croyant est gravissime –  ni à transmettre « au bras séculier » ce qui est objectivement et juridiquement un crime.

Mgr Ratzinger (devenu Benoit XVI) a eu le courage d’ouvrir ce dossier, il y a une vingtaine d’années. A chaque institution d’avoir ce même courage. Nous pouvons penser  que quelques élites françaises trembleraient…**

Nous pouvons donc nous interroger légitimement sur les réparations dues aux victimes. Nous verrons quelles en sont les formes dans les mois qui viennent… Mais ce qui nous laisse perplexes c’est ce qui se passe dans les milieux médiatiques : Les solutions proposées sont pour la plupart une attaque en règle contre la religion catholique elle-même. Tout y passe : le mariage des prêtres, leur féminisation, la levée du secret de la confession. Sait-on que bien des prêtres sont morts pour ne pas avoir voulu révéler ce secret qui relève du sacré, parce que dans la confession, le prêtre Homme s’efface devant Dieu : Il est in persona Christi. Il ne peut donc révéler ce qui ne lui appartient pas. S’il le fait il est excommunié ! Imagine-t-on la pression des pouvoirs si ce fait n’était pas admis depuis l’origine de l’Église. Un prêtre peut détruire n’importe quelle vie ou carrière….  La confiance qui est mise en lui doit être totale. Même la démission de tous les évêques est exigée par quelque « Torquemada » du laïcisme anticlérical. Imagine-t-on, demander le licenciement de tous les directeurs d’académie si des professeurs étaient coupables ? 

Pour autant si chacun peut comprendre que le secret de la confession était levé, plus personne n’irait révéler ses fautes, il y a chez ces « saint Jean bouche d’or » une hypocrisie toute pharisienne : Pensent-ils sincèrement que 1) le cas se présente dans une époque où peu se confessent 2) que le prêtre n’agit pas sur celui qui viendrait révéler une telle ignominie ? Tout d’abord il ne peut lui donner l’absolution qui impliquerait la réparation et ensuite il peut peser de tout son poids pour que le pénitent révèle son crime de lui-même. Vous me direz que certains « confesseurs » pourraient être complices mais en ce cas ils ne révèleraient pas plus ces méfaits s’ils devenaient « obligatoires » de le faire …

Cerise sur le gâteau, Libération a le culot de jouer les moralistes après avoir fait l’éloge de la pédophilie dans les années 70. Ce journal ne devrait même plus paraître si la même lucidité avait animé nos élites dans ces années là !

Quoi qu’il en soit, c’est l’occasion pour les Catholiques de continuer à balayer devant leur porte et de s’interroger sur les dérives qu’ils constatent depuis une cinquantaine d’années. Il est étonnant de constater que l’ire des autorités ecclésiales semble plus aller vers ceux qui tentent de restaurer la primauté de la Foi, la rigueur des mœurs (« un homme ça s’empêche ») et le message évangélique comme le montre le dernier motu proprio contre les traditionnalistes : « Dieu se rit, disait Bossuet, des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes. »

* Nathalie Bajos responsable de l’équipe « genre » à l’INSERM, féministe d’extrême gauche

** Voir à ce sujet le documentaire de Karl Zéro « Zandvoort, le fichier de la honte » 2010