You are currently viewing L’éditorial de François Marcilhac dans la revue : « Le Bien Commun »

L’éditorial de François Marcilhac dans la revue : « Le Bien Commun »

LA JEUNESSE DE NOTRE FIDÉLITÉ

Comment le spectacle désolant offert par la classe politique française, qui se traduit par une augmentation exponentielle de l’abstention, ne donnerait-elle pas à réfléchir à nos concitoyens même les moins impliqués dans la vie de la nation ? On peut chercher tous les prétextes possibles et imaginables à une telle désaffection — sanitaires, météorologiques, existentielles : il n’en reste pas moins que les Français traduisent ainsi un dégoût légitime. Oui, nos compatriotes ne croient plus dans nos institutions, tant le visage offert par la république les révulse.

Nul besoin de nous appesantir : plus aucune promesse d’un monde meilleur, plus aucun souffle d’émancipation, plus aucune lueur de progrès humain n’anime la république. Certes, nous ne le regretterons pas, sachant combien ces promesses d’hier, ce souffle grandiloquent, cette lueur factice ont été payés de désillusion et de maux pour le pays. Méthodiquement, depuis un siècle et demi, la république, de manière quasi ininterrompue, a détruit le pays, sa civilisation, sa cohésion sociale, jusqu’à son visage. Nulle nostalgie dans ces propos, encore moins cette idolâtrie du passé qui est, comme Maurras nous l’a enseigné, le contraire d’une conception saine de la tradition, dont la seule légitimité est de transmettre les richesses d’une civilisation. Mais nous avons aujourd’hui affaire à un pays divisé, morcelé, même, dans lequel, aux tensions classiques entre classes sociales se superposent des tensions ethniques, où les tensions de classes elles-mêmes ont pris une autre dimension, n’opposant plus simplement les « possédants » aux « exploités », mais une oligarchie dénationalisée, et ses idiots utiles, à des Français coupables de vouloir continuer de vivre dignement de leur travail, en France, dans leur région, dans leur « pays », sans être agressés ni par des coutumes exogènes qui viennent heurter une société policée depuis des siècles ni par la déconstruction systématique d’un ordre anthropologique qui est le seul garant de l’équilibre social et, tout simplement, de l’épanouissement personnel.

La république est morte, du moins dans les cœurs des Français. Marianne ne fait plus rêver. Aucun Français, aujourd’hui, ne vit déjà plus pour elle et, demain, pour elle, plus aucun ne voudra mourir. Mais cela est insuffisant à nous réjouir. Car elle meurt aussi de cet individualisme qu’elle a elle-même instillé dans l’esprit de nos compatriotes, notamment dans celui d’une jeunesse qui a perdu ses repères. Ne jugeons pas cette dernière, cependant : un rien suffit à faire craquer le vernis de son indifférence. Encore faut-il lui présenter le vrai combat. L’Action française lui a toujours fait confiance : c’est même le secret de sa durée. Toujours, elle a su appeler à elle les meilleurs éléments d’une jeunesse française qui ne demande qu’à servir. Chaque été, au camp Maxime Real del Sarte, l’université de notre mouvement, toujours plus nombreuse, elle est là, désireuse d’apprendre et de servir, de mettre au service de la France et du Roi son dynamisme et son désintéressement.

Le Roi : car il faut revenir à l’essentiel. Et l’essentiel, par-delà le dégoût qu’inspirent aujourd’hui la vie politique française, l’arrogance aveugle d’une classe de privilégiés hors sol, la trahison des élites, c’est la permanence du principe à l’origine même de notre nation, de son édification patiente, et c’est la jeunesse de ce principe qui, durant mille ans, a su s’adapter à la suite des générations. Car la République n’est qu’un accident de l’histoire ; un accident qui pourrait, toutefois, se révéler mortel pour la France si nous ne sommes pas toujours plus déterminés d’en finir avec elle. Car le temps presse : ce n’est plus de l’extérieur que la France est menacée, mais de l’intérieur. Ce principe s’incarne aujourd’hui dans le prince Jean, héritier des quarante rois qui ont fait la France. Nous lui offrons ce que Charette appelait « la jeunesse de notre fidélité ».

François Marcilhac