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Libres ou désenchantées


Les désenchantées, « roman des harems turcs contemporains », Pierre Loti, 1906

Par Jeanne Estérelle

Le Sultan n’aurait pas humilié Ursula von der Leyen si le Président du Conseil européen n’y avait d’avance consenti. La veulerie masculine a cependant moins scandalisé que la servitude volontaire d’une femme altière dont la beauté rappelle Blanchefleur[1] ou Yseult la Blonde[2]. Née dans un pays colonisé par les turcs, la Présidente de la Commission européenne faisait d’ores et déjà partie des désenchantées, mais, dès sa prise de fonction, elle a aliéné sa dernière liberté politique à la promotion du groupe LGBTQI. Un tel reniement du modèle féminin né dans la chrétienté l’a définitivement désarmée.

En 451, le Maître de l’histoire innova en inspirant la résistance d’une jeune femme en face d’Attila. L’énergie qu’irradiait la Curiale convainquit les parisiens de demeurer impavides malgré le déferlage des Huns. Victorieuse sans avoir combattu, Geneviève inaugura la geste des femmes libres.

Une foule de figures féminines marquèrent l’histoire européenne d’un sceau divin, mais celles dont la liberté éclata avec le plus de nouveauté, furent les béguines. A l’aube du XIIIe siècle, elles essaiment spontanément dans les cités où elles travaillent pour vivre, indépendantes, selon le mode d’une charité active, qu’elles demeurent seules ou se rassemblent « dans l’amour du Christ », comme elles le feront à Hyères et Aix, en 1255, et, l’année suivante, à Marseille, autour de Douceline de Digne, sous le vocable des Dames de Roubaud, ou encore, à Paris, en 1264, grâce à la protection de Louis IX…

Au crépuscule du béguinage, Dieu suscite une jeune fille qui, elle aussi, ne dépend que de Lui seul. « Agissez et Dieu agira » dit-elle aux soldats qu’elle mène à la victoire. L’Université de Paris qui, vingt ans plus tôt, a falsifié un vieux grimoire[3]pour exclure les filles de la succession au trône de France, la soupçonne « véhémentement de plusieurs crimes sentant l’hérésie » et veut la faire comparaître, dès sa capture, devant elle « et un procureur de la Sainte Inquisition »[4].

L’Université retient aujourd’hui captives des milliers de françaises. Si nous voulons libérer ces désenchantées, ne restons pas nous-mêmes rivés à la loi salique ! La combustion de Jeanne dresse à jamais l’épée incandescente[5] d’une femme divinisée. Intronisons la Reine !


[1] Perceval ou le conte du Graal, Chrétien de Troyes

[2] Tristan et Yseult

[3] L’article de la Loi salique est le suivant : «Quant à la terre, qu’aucune portion n’en échoie aux femmes, mais qu’elle aille toute au sexe masculin» (traduit du latin).

[4] Lettre du 26 mai 1430 au duc de Bourgogne

[5] Image théologique de la divinisation chez Maxime le Confesseur