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culture dessin humoristique, dessin de presse.

Le sens de l’histoire

Par Philippe Mesnard

Napoléon n’a pas la cote. On lui reproche, à juste titre, d’avoir rétabli l’esclavage. Les gens de bon sens avaient l’habitude de lui reprocher mille autres choses, comme son goût de l’invasion, sa folie impérialiste, sa prétention de réformateur des mœurs et sa mise au pas des Français, enrégimentés quand bien même ils n’étaient pas soldats ; bref, son progressisme autoritaire (en est-il une autre sorte ?). Notre époque le traite aujourd’hui de suprémaciste blanc, lui qui ne fit quasiment la guerre qu’aux nations européennes, et de misogyne. C’est dommage, nous avons rêvé deux siècles durant que l’usurpateur soit jugé avec justesse, c’est-à-dire assimilé à un méchant dictateur, et voilà que la gauche indigéniste nous frustre d’un légitime examen des années napoléoniennes. Tout juste si les nostalgiques d’une France forte ne se prennent pas à rêver d’un bonapartisme un peu brutal qui remettrait d’aplomb la nation. Mais Napoléon est en passe d’être déboulonné, lui aussi, et l’on passera par pertes et profits le bon (il y en eut) comme le mauvais (il en demeure beaucoup). La Société Française des Monnaies nous console un peu : sous prétexte d’hommage du bicentenaire de la mort du tyran, elle offre à la souscription « un sublime billet de 0 €, homologué par la Banque Centrale Européenne. » C’est en effet dire assez la valeur du personnage.

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