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Pourquoi le monde arabe se rapproche d’Israël

Par Antoine de Lacoste

Au mois de juillet dernier, Benjamin Netanyahou devait annoncer l’annexion par Israël de la Cisjordanie, au mépris des traités internationaux. De nombreux pays, dont la France, lui avait demandé de n’en rien faire, mais le premier ministre israélien semblait sourd à toute pression.

A la surprise générale, l’annexion n’eut pas lieu et l’on attendait de savoir pourquoi. La réponse est venue le 13 août avec l’annonce de la normalisation des relations entre Israël et les Emirats Arabes Unis puis le 11 septembre avec cette fois Bahreïn promu comme nouvel ami de l’Etat hébreu.

Ces deux pays sont les plus proches alliés de l’Arabie Saoudite (en dépit de différents sérieux entre Abou Dhabi et Ryad concernant la guerre au Yemen) et nul doute que cette normalisation a reçu le feu vert de Mohamed Ben Salmane (MBS), l’homme fort du royaume saoudien.

C’est une grande victoire pour Netanyahou qui redore son blason de façon spectaculaire après ses ennuis judiciaires concernant de graves accusations de corruption.

C’est aussi un tournant diplomatique majeur qui a atterré les Palestiniens. Au mois d’août, des effigies du prince héritier émirati Mohamed ben Zayed (MBZ) et de Donald Trump avaient été brûlées dans plusieurs villes de Cisjordanie.

La perspective de la création d’un Etat palestinien s’éloigne irrémédiablement, et le plan Abdallah de 2002 est enterré. Etabli par le roi saoudien du moment, décédé depuis, ce plan exigeait la création d’un Etat palestinien en échange de la reconnaissance d’Israël par les pays arabes. Cette exigence a donc disparu, sans doute définitivement.

Certains annoncent maintenant que l’Arabie Saoudite va à son tour emboiter le pas des deux éclaireurs. C’est peut-être un peu prématuré. En effet, l’opinion publique saoudienne n’est sans doute pas prête à un revirement de cette nature et le roi Salman ben Abdulaziz non plus. MBS ne prendra le risque de se fâcher avec son père. Il faudra donc probablement attendre un peu.

Derrière ces revirements spectaculaires, il y a un homme : Donald Trump. Les présidentielles américaines arrivent à grand pas, et un succès diplomatique de cette importance est particulièrement bienvenu alors que le sortant est en retard dans les sondages.

Trump a donc voulu donner un éclat particulier à cet accord et c’est sur le balcon de la Maison-Blanche qu’il a proclamé « l’avènement d’un nouveau Moyen-Orient. ». A ses côtés, se tenaient Benjamin Netanyahou et les ministres des affaires étrangères du Bahreïn et des Emirats Arabes Unis (EAU). Chacun a pu noter que les deux souverains ne se sont pas déplacés eux-mêmes, comme si une certaine gêne perdurait.

Mais qu’importe, Trump a su convaincre Israël de différer l’annexion de la Cisjordanie pour ne pas froisser les pays arabes à un moment crucial, annexion qui aura lieu un jour, n’en doutons pas. Il a su aussi faire comprendre aux souverains de la péninsule arabique que le temps était venu de la réconciliation officielle entre les meilleurs alliés de l’Amérique. C’est un succès diplomatique incontestable.

Les Palestiniens sont une fois de plus laissés de côté et n’auront sans doute jamais d’Etat, mais qui s’en soucie ?