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Achever la bête

Orwell affirme qu’“en ces temps de tromperie universelle, dire la vérité est un acte révolutionnaire.” On connaît également le mot de Péguy : “Il faut toujours dire ce que l’on voit : surtout il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l’on voit.”

Face au marasme de l’époque, à une oligarchie financière reproduisant depuis dix ans les pratiques qui la firent dérailler en 2008 – avec la sereine assurance de voir à nouveau les peuples payer ses excès –, face à une situation démographique qui fait craindre le pire pour l’Occident, face à l’enlisement de l’action publique et à la médiocrité de la classe politique, nombre de ceux qui se croyaient du bon côté du manche n’ont rien voulu voir. Arrimé à l’illusoire certitude de faire partie du happy few, le socle électoral de la macronie s’est crevé les yeux pour mieux suivre son maître : de même qu’il aurait fallu plus de communisme pour sauver le communisme, il fallait plus de social-démocratie pour sauver la social-démocratie, plus d’économie de marché pour sauver l’économie de marché, et bien sûr plus d’Europe pour sauver l’Europe.

En cette période pascale qui – pour les Chrétiens – est un temps de Révélation, l’épidémie est épiphanie : il aura suffi d’un pangolin pour que les certitudes se lézardent, pour que les dogmes économiques volent en éclat, pour qu’une vérité simple et limpide saute à la gueule de tous, y compris de ceux qui ne voulaient pas voir : tout va mal.

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