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Une nouvelle guerre mémorielle

Par Gérard Leclerc

Comme si la réforme des retraites ne suffisait pas à attiser les passions, le président de la République a donné le sentiment, ces jours-ci, de vouloir soulever d’autres sujets de querelle. Ainsi a-t-il provoqué un tollé dans le monde judiciaire en prenant parti à propos de la douloureuse affaire du meurtre de Sarah Halimi, dont le présumé coupable a été jugé pénalement irresponsable. Il est vrai que cette décision a soulevé une véritable tempête et qu’Emmanuel Macron n’est pas le premier à avoir protesté. Mais l’intrusion dans une affaire judiciaire du chef de l’exécutif fait difficulté. C’est à son retour d’Israël, où il avait commémoré le souvenir de la Shoah, qu’il s’est ainsi prononcé en faveur d’un procès pour juger Kobili Traoré. Mais il ne s’est pas contenté d’allumer cette étincelle propre à enflammer l’opinion.

Il s’est aussi avancé sur un terrible terrain mémoriel en évoquant la guerre d’Algérie et en la rapprochant de la Shoah (qui avait motivé sa venue à Jérusalem au mémorial de Yad Vashem). Emmanuel Macron a-t-il eu vraiment conscience du scandale qu’il risquait de provoquer ? La guerre d’Algérie, a-t-il confié à plusieurs journalistes, est le plus dramatique des défis mémoriels qu’il doit affronter. Mais là, il s’agit de citer Macron dans le texte : « Il est là (ce défi) et je pense qu’il a à peu près le même statut que la Shoah pour Chirac en 1995. » Les réactions n’ont pas tardé à droite où plusieurs leaders ont exprimé leur indignation, si bien que l’Élysée s’est trouvé dans l’obligation de faire une courte mise au point. Il n’a jamais été question, dans l’esprit du président, d’assimiler la guerre d’Algérie à la Shoah dont le caractère unique ne saurait se discuter.

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