Par Christophe Boutin
Atlantico : Comment s’est préparée cette Marche contre l’islamophobie ? Quel étaient son but, ses demandes et à quelles tensions a-t-elle conduit ?
Christophe Boutin : L’appel lancé le 1er novembre dans le quotidien Libération, et notamment relayé ensuite par Médiapart, par le collectif qui a souhaité cette « Marche contre l’islamophobie » présentait la situation faite aux musulmans de France comme presque insoutenable. Ces derniers feraient face en effet à une « stigmatisation grandissante » faite « d’invectives et de polémiques relayés par certains médias », les « groupes les plus racistes » occupant « désormais l’espace politique et médiatique français ». D’où la multiplication « de discriminations, de projets ou de lois liberticides, d’agressions physiques de femmes portant le foulard, d’attaques contre des mosquées ou des imams ». De cela, le collectif tirait la conclusion que « l’islamophobie en France est une réalité », et qu’il s’agit « d’une forme de racisme explicite qui vise des personnes en raison de leur foi ». Leurs demandes étaient claires : arrêt des « discours racistes qui se déversent sur nos écrans à longueur de journée », des « discriminations qui visent des femmes portant le foulard », des « délations abusives » et des « dispositifs de surveillance de masse qui conduisent à une criminalisation pure et simple de la pratique religieuse ».
Cet appel avait été lancé à l’initiative de Madjid Messaoudene, élu de Seine-Saint-Denis, du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) et de l’Union Nationale des Etudiants de France (Unef), un parti et une association qui ont clairement délaissé la dialectique laïque classique de la gauche française pour le soutien aux initiatives communautaristes, et, bien sûr, par le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF). Quant aux signataires, la liste ressemblait à un poème à la Prévert, avec, entre autres, Action Antifasciste, Émergence Femmes, Les Panthères des ministères, Cerveaux Non Disponibles, Collectif Irrécupérables, quelques imams, des associations locales de musulmans, le comique Yassine Belattar, l’écrivain Édouard Louis, l’insubmersible Isabelle Thomas, le Gilet jaune Jérôme Rodriguez, les parlementaires de la France Insoumise ou l’ancienne présidente du syndicat de la magistrature, Evelyne Sire-Marin.
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