Messe des Rameaux, le 14 avril 2019. © Michel Pourny
Oui, il y a eu décidément unanimité nationale et même mondiale autour de la tragédie de l’embrasement de Notre-Dame. Pas une fausse-note. La sidération, l’horreur, et surtout le chagrin se sont exprimés chez les responsables et les plus humbles et chez les plus inattendus. On peut expliquer cela par le caractère exceptionnel du monument, son ancrage dans l’histoire et l’imaginaire collectif. Et pourtant, on nous dit en même temps que ce pays est en train d’atteindre son stade ultime de déchristianisation, à l’instar de tout le territoire de l’ancienne chrétienté. Est-ce à dire que l’attachement à la cathédrale est désormais exempt de la symbolique qui est inscrite dans toutes ses pierres ? L’émotion ressentie serait donc analogue à celle que susciterait, par exemple, l’incendie du Palais d’été à Pékin et la disparition des sept merveilles du monde ?
J’ai la faiblesse de penser que Notre-Dame échappe à ce type de réduction esthétique. D’abord, parce qu’il y a toujours des priants, ceux qui chantaient leurs Ave Maria, lundi soir, aux abords de l’Île de la Cité. Des priants qui expriment l’âme du monument et sans lesquels celui-ci ne serait plus qu’un vase vide, pour parodier ce vieux sceptique de Renan. Non, Notre-Dame n’est pas un musée, elle est le témoignage lumineux d’une foi ancrée dans les cœurs. Et son simple nom, surgi du Moyen Âge, est en lui-même un cri d’admiration et d’amour pour celle qui est notre mère, parce qu’elle la magnifique mère du Sauveur. Notre-Dame que c’est beau, s’écrie le poète ! Paul Claudel qui a connu l’illumination derrière le pilier de la statue, l’a chanté pour toujours :
La suite