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La guerre des deux Europe

Ainsi la guerre des deux Europe a commencé, ainsi la guerre des deux mondes, symboliquement celui de l’Ouest contre celui de l’Est, a été allumée et n’est guère près de s’éteindre. Oh, guerre toute de mots, de textes, de votes et de déclarations pour le moment, heureusement, et non point guerre civile européenne armée comme ce continent en a trop connu dans sa longue existence. Mais guerre quand même que le vote du Parlement de Strasbourg, déclenchant l’article 7 contre la Hongrie, après la Pologne, a déclarée maintenant explicitement. L’Europe de l’Ouest, dont nous faisons malheureusement partie, s’est coalisée, à l’exception notable de l’Italie de Salvini, pour faire rendre gorge aux petites nations de l’ancien empire austro-hongrois qui, ayant enfin acquis une liberté que l’histoire, et particulièrement celle du XXe siècle communiste, leur avait confisquée, entendent l’exercer sans partage et sans limite. Pierre Moscovici, avec qui nous sommes rarement d’accord, avait cet été ce mot juste : « Il y a un malaise dans la construction européenne : à l’Ouest on l’a voulue pour en finir avec la nation ; à l’Est, on y est entré par amour de la nation. » Ainsi l’opposition des fins est patente.
Mais plus loin encore que la question de la souveraineté – celle-ci impliquant la défense de ses frontières et le droit à se défendre contre l’immigration incontrôlée –, ce sont des visions anthropologiques et politiques antagonistes qui s’affrontent. Viktor Orban, champion de la cause de « l’illibéralisme » l’a très clairement expliqué, notamment dans un merveilleux discours prononcé lors d’une université d’été en Roumanie : il s’agit désormais d’opposer à la démocratie libérale une démocratie chrétienne. Non point tel qu’on entend le terme par ici, où il s’est dévalué depuis Frédéric Ozanam à mesure que la médiocrité humaine le réduisait à des bons sentiments et à de mauvaises alliances politiques. Non, dit Orban, la démocratie chrétienne c’est celle qui promeut la famille (ainsi qui s’engage en Hongrie à avoir trois enfants dans les 10 ans touche l’équivalent de 30 000 euros du gouvernement) ; qui promeut la réalité des sexes et leur complémentarité (ainsi il va couper les fonds gouvernementaux aux « études de genre » dans le pays) ; qui, enfin, promeut le bien commun contre l’inflation des droits individuels. C’est cela la démocratie illibérale chrétienne qu’il appelle de ses vœux, sans d’ailleurs qu’aucune confusion entre les deux glaives, temporel et spirituel, n’advienne.

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