Par Henri Bec
Après 52 jours d’un gouvernement s’étant auto-qualifié démissionnaire, Macron vient de nommer un Premier ministre dans la personne de l’incolore, inodore et sans saveur Michel Barnier. Sauf quelques cabrioles des clowns habituels, le pays a, pendant ces deux derniers mois, continué de fonctionner : le président a poursuivi les déplacements à l’étranger d’où il a pour habitude de donner des leçons, la ministre des Sports, au regard énamouré pour le patron, a géré les Jeux olympiques, les force de police et de gendarmerie n’ont jamais été autant sollicitées par un ministre de l’Intérieur hyperactif, la justice a persévéré dans sa mission d’équilibre social avec son inutile ministre curieusement silencieux, la ministre de l’Éducation nationale a préparé et assumé sa rentrée woke et, enfin, l’ex-Premier ministre, qui apparemment ne s’est rendu compte de rien, a communiqué aux différents ministères leur feuille de route budgétaire pour l’année à venir, etc. Pour sauver les apparences il fut indiqué par chacun que leurs décisions pourraient être revues.
Certes, les graves maux dont nous souffrons n’ont pas disparu, immigration massive, déficit dramatique, sécurité générale en berne, niveau scolaire en chute libre…, mais ne se sont pas plus aggravés qu’avant.
Les Français ont, eux aussi, vaqué à leurs occupations, vacances alternatives avec ceux qui travaillent, retrouvailles en famille, soucis de rentrée, embarras financiers, agressions au coin des rues…
La vie politicienne vient enfin de reprendre son cours ! Désormais la presse, un peu affamée, va pouvoir s’en donner à cœur joie : l’Assemblée est sur le départ pour reprendre son spectacle de cirque déjà bien rodé. Députés (et sénateurs) dont on sait depuis longtemps qu’ils ne servent à rien et ne représentent plus personne, bureau d’enregistrement avec une majorité ou, à défaut, cours de récréation, vont enfin pouvoir se détendre dans l’exercice de leur sport préféré, la conservation de leur place.
Imaginons alors que la situation ait perduré, chacun absorbé par les joies et vicissitudes de la vie, laissant l’État uniquement tourné vers ses fonctions régaliennes, la gestion des intérêts majeurs du pays. Est-ce un rêve ? Les Français n’aspirent-ils pas à une sereine tranquillité politique inconsciemment souhaitée et à une unité retrouvée ? Seraient-ils opposés à l’existence d’un pays dans lequel l’étouffoir d’une administration tatillonne et chatouilleuse serait oxygéné ? Avec la reprise de la débauche politicienne et après les 52 jours que nous venons de vivre, n’allons-nous pas regretter cet épisode et considérer que c’était mieux avant ? D’autant que l’instabilité ne fait que commencer.
Ce souhait est un peu illusoire dans la situation actuelle où les partis et leur personnel, toujours tourmentés par leur survie, c’est-à-dire par l’issue des prochaines et incessantes élections, vont salir la noble activité qu’est la vraie Politique, la recherche et la préservation du bien commun, le souci constant de l’intérêt général, pour en faire un éternel tremplin à leurs ambitions, au détriment des Français. Il manquerait, en effet, à un tel État l’assurance de la durée et la liberté d’agir en toute indépendance.
La conjoncture nous a finalement donné l’image de ce que pourrait être un pays apaisé. Le président l’avait évoqué dans un entretien au journal Le 1 hebdo, « la démocratie », avait-il dit, « comporte toujours une forme d’incomplétude car elle ne se suffit pas à elle-même. Il y a dans le processus démocratique et dans son fonctionnement un absent. Dans la politique française, cet absent c’est le roi… »
Chiche !