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Le Prince en qui s’incarne la dynastie nationale française

Un texte d’E. Saint-Maurice paru dans l’Almanachde l’Action française de 1919 nous paraît singulièrement explicite quant au soutien apporté par le mouvement, depuis ses débuts, à la Maison de France, qui montre, par ailleurs, l’attachement de celle-ci à servir son pays. Parce qu’avec un prétendant incarné, la royauté française n’est pas qu’une idée sans visage, sans âme…

« Depuis les débuts de la grande guerre, le nombre des royalistes s’est notablement accru. (…) La cause réelle des progrès réalisés par la doctrine royaliste dans les cœurs et les esprits français, ce sont les services éminents rendus par les royalistes pendant la guerre : services civiques, fruits de la clairvoyance, du courage et du patriotisme des écrivains non combattants, services militaires rendus avec une admirable vaillance par les combattants. Grâce à l’éloquence de l’exemple et malgré les coupes sombres pratiquées dans leurs rangs par la mitraille ennemie, ces rangs sont aujourd’hui plus serrés que jamais. Cependant, la moisson eût été plus belle encore si le Prince, en qui s’incarne la dynastie nationale française, avait été mieux connu.

Ceux qui vivent de la République ont mis tout en œuvre pour que le descendant de Saint-Louis et d’Henri IV demeurât inconnu des Français ou tout au moins pour que ceux-ci connaissent de lui une image infidèle et défigurée. Les journaux du parti ont donc fait systématiquement le silence sur les actes et les paroles du duc d’Orléans et ceux qui ont parlé de lui se sont trop souvent appliqués à travestir ses actes ou à dénaturer ses intentions.

(…)

La terrible guerre actuelle avait été prévue et, pour ainsi dire, prédite par le duc d’Orléans qui exprima souvent ses craintes devant ses intimes à ce sujet. Les sentiments hérités de ses aïeux, l’éducation royale, des relations ininterrompues avec les principales cours de l’Europe avaient, de bonne heure, familiarisé le prince avec la politique étrangère et lui avaient permis de discerner les causes qui devaient déterminer le conflit à la suite des événements d’Orient de 1912-1913. D’autre part, la guerre commencée, le prince ne manqua pas de prévoir que l’Allemagne, par son mépris des traités et du droit des gens, soulèverait bientôt contre elle une partie des nations qui étaient d’abord demeurées neutres.

(…)

Il se dépensait en efforts multipliés pour obtenir le droit de servir, fût-ce comme simple soldat, dans les rangs des armées nationales ou alliées. L’opposition du gouvernement français et les scrupules que cette opposition provoqua chez les chefs des États alliés ont fait échouer ses efforts : le prince en a eu le cœur brisé. (…) Quand le duc d’Orléans demandait à combattre sous les drapeaux français, il ne songeait pas seulement à satisfaire l’élan naturel de son cœur (…) et les appels d’un sang qui a coulé si souvent de siècle en siècle pour la Patrie. Sa haute raison de patriote, chef de la Maison de France, responsable même dans l’exil, d’une partie de la fortune du pays lui disait qu’il serait beau et utile à la France qu’il pût la servir en personne les armes à la main (…)

Déplorant de ne pouvoir servir dans l’armée française (…) il offrit ses services d’abord au roi d’Angleterre puis au roi des Belges. (…) Plus tard, il s’adressa (…) à l’empereur Nicolas. (…) Il eut recours successivement au maréchal Roberts (…) et à Agha-Khan. (…) En présence de ces échecs, le duc d’Orléans écrivit au président du Conseil. (…) Cette lettre n’ayant pas reçu de réponse dans un délai normal, le duc d’Orléans chargea Charles Maurras et Maurice Pujo (qui n’était pas encore mobilisé) d’aller voir le président du Conseil. Au cours de leurs entretiens, nos amis ne négligèrent aucun argument, ne reculèrent devant aucune preuve de désintéressement et de sacrifice pour obtenir qu’il pût réaliser, directement ou indirectement, son vœu généreux de servir la France. (…) Lorsque l’Italie, abandonnant sa neutralité, vint se ranger aux côtés des Alliés, le prince fit demander la faveur de combattre (…) il devait renouveler ses tentatives lorsque les États-Unis entrèrent dans la lice à leur tour (…).

Le duc d’Orléans, pendant la guerre, sut toujours accomplir les actes et trouver les paroles que les circonstances réclamaient. Dès le début des hostilités, il avait transformé son château de Putdaël en une ambulance modèle pourvue par lui d’un personnel de choix et d’un matériel perfectionné. Quand fut bombardée sauvagement la cathédrale de Reims, il écrivit pour exprimer sa colère. Il a écrit au roi de Bulgarie toute son indignation quand celui-ci a joint sa cause à celle des empires allemands (…) »

Parce qu’avec un prétendant incarné, la royauté française n’est pas qu’une idée sans visage, sans âme…