Remises au goût du jour, les héroïnes comme Blanche Neige, Mulan ou Wendy ne font plus rêver. Désormais, elles ne font plus que prêcher une morale du ressentiment. Cependant, les récentes déclarations de Bob Iger, patron de Disney, allument une lueur d’espoir.
Causeur. « Les créateurs ont perdu de vue ce que devait être leur objectif n°1. Nous devons d’abord divertir. Il ne s’agit pas d’envoyer des messages », a déclaré il y a quelques jours Bob Iger, le PDG de Disney. De fait, la valeur boursière de Disney a perdu 50% en quelques années, et sa cote d’amour auprès des Américains s’est effondrée. Au cinéma, le wokisme ne semble pas faire recette. Pourquoi ?
Samuel Fitoussi. Les contraintes qu’impose aujourd’hui le wokisme à la création sont difficilement compatibles avec la production de bons films. Prenons quelques exemples concrets dans le catalogue Disney.
Premièrement, l’amour est désormais relégué au second plan des intrigues, notamment en vertu de l’idée selon laquelle les héroïnes doivent être des femmes « fortes et indépendantes » qui s’accomplissent sans l’aide d’un homme. L’an prochain sortira un remake de Blanche Neige. Cette fois, selon l’actrice principale, « Blanche Neige ne sera pas sauvée par le Prince et elle ne rêvera plus de trouver l’amour, elle rêvera de devenir la leader qu’elle doit devenir ». Pourtant, se priver de l’exploration des dynamiques amoureuses, c’est se priver de la possibilité́ d’installer un dilemme entre la passion et le devoir, de donner vie à des personnages complexes et riches, d’éclairer une dimension fondamentale de la condition humaine. Je démontre dans mon livre que la disparition de l’amour hétérosexuel (surtout lorsqu’il est positif plutôt que toxique) est malheureusement une tendance générale à Hollywood.
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