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POUR SALUER ROHMER

Par Jean-Christophe Buisson

CHER ÉRIC ROHMER, vivant, vous auriez fêté vos 100 ans il y a un mois. Hostile aux réunions et aux rassemblements festifs, vous vous seriez sûrement contenté d’un dîner avec des proches. Dont Françoise Etchegaray.

Cet essai diablement bien écrit vous plaira. Ni hagiographique ni voyeuriste, il est précis sans être austère, chaleureux sans être lyrique, touffu sans être bavard. Le portrait en creux, amical mais juste, qu’il trace de vous au fil des tournages, des conversations et des rencontres, donne envie de revoir tous vos films. En particulier les derniers, dont on ne soupçonnait pas les combats en coulisses qu’ils avaient suscités : L’Anglaise et le Duc, admirable évocation quasi picturale des excès de la Révolution, et
Triple agent, polar hitchcockien s’appuyant sur un prodigieux travail historique de fond sur les années 1930, l’URSS de Staline, la France des exilés Russes blancs. Rarement gratuites, les anecdotes sont légion et donnent à comprendre l’approche technique — profondément artisanale —, mais aussi esthétique voire morale, que Rohmer avait du septième art. On y croise Depardieu recevant une caisse de Chivas en guise de salaire, Robert Bresson et Barbet Schroeder, Fabrice Luchini et Arielle Dombasle refusant de dire « encore un coup de troussepinette ?», un chat baptisé Mao.

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