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Recension Ghislaine Maxwell, une femme monstrueuse. II/V

PAR RÉMI HUGUES

Article en 5 parties

Avant sa mise au ban de l’Élite globale mobile fin 2019, Maxwell côtoyait les dynasties nées au plus tôt au XIXe siècle, cette oligarchie financière que Karl Marx appelait « Bancocratie ». Elle a vécu à partir des années 2000 dans une majestueuse demeure de Manhattan (valant 8,5 millions de dollars, elle lui fut offerte par son amant Epstein), habitée juste avant par une pièce rapportée des Rothschild, « Lynn Forester, une femme d’affaires américano-britannique, démocrate importante, mariée en troisièmes noces à Sir Evelyn Robert de Rothschild. » (p. 59)

L’auteure évoque d’autres illustres patronymes : « Tous ses invités se souviennent d’avoir croisé chez elle “des membres de la famille Kennedy et des Rockefeller”. » (p. 16)

Sans oublier, dans la catégorie « Têtes couronnées », la seule famille qui peut rivaliser en puissance avec celles-là : les Windsor, ex-Saxe-Cobourg-Gotha : « Ghislaine Maxwell et le prince Andrew se sont rencontrés en Angleterre, à l’université. […] [D]ès 1998, on commence à voir souvent le prince au côté du couple […]. Son Altesse prend aussi l’avion privé de Jeffrey Epstein pour passer quelques jours dans la résidence du milliardaire aux îles Vierges. » (p. 158)

Les « bancocrates » ne peuvent que se croire au-dessus des lois car ce sont eux qui les font et les défont. Depuis le milieu du XIXe  siècle, dont Karl Marx fut le témoin privilégié, rien n’a changé : dans Les luttes des classes en France il mit en évidence que « la moindre réforme financière échouait devant l’opposition des banquiers. Ce fut le cas, par exemple, de la réforme postale. Rothschild protesta. L’État avait-il le droit d’amoindrir des sources de revenu qui lui servaient à payer les intérêts de sa dette sans cesse croissante ? […]

Pendant que l’aristocratie financière dictait les lois, dirigeait la gestion de l’État, disposait de tous les pouvoirs publics constitués, dominait l’opinion publique par la force des faits et par la presse, dans toutes les sphères, depuis la cour jusqu’au café borgne se reproduisait la même prostitution, la même tromperie éhontée, la même soif de s’enrichir, non point par la production, mais par l’escamotage de la richesse d’autrui déjà existante. C’est notamment aux sommets de la société bourgeoise que l’assouvissement des convoitises les plus malsaines et les plus déréglées se déchaînait, et entrait à chaque instant en conflit avec les lois bourgeoises elles-mêmes, car c’est là où la jouissance devient crapuleuse, là où l’or, la boue et le sang s’entremêlent que tout naturellement la richesse provenant du jeu cherche sa satisfaction. L’aristocratie financière, dans son mode de gain comme dans ses jouissances, n’est pas autre chose que la résurrection du lumpenprolétariat dans les sommets de la société bourgeoise.

Quant aux fractions de la bourgeoisie française qui n’étaient pas au pouvoir, elles criaient « À la corruption ! », le peuple criait : « À bas les grands voleurs ! À bas les assassins ! » quand, en 1847, dans les théâtres les plus illustres de la société bourgeoise, on représentait publiquement les scènes mêmes qui conduisent, d’ordinaire, le lumpenprolétariat dans les bordels, dans les hospices et dans les maisons de fous, devant les juges, dans les bagnes et à l’échafaud. »

« …Give me control of a nation’s money and I care not who makes the laws... »[1] : cette phrase qui en français signifie « Donnez-moi le contrôle de la monnaie d’une nation et je me moque de qui fait ses lois » n’est pas attribuée par hasard à Mayer Amschel Bauer, qui depuis Francfort fonda la dynastie Rothschild.           

L’impunité est généralement de mise chez ces gens, qui par de nombreux aspects font penser à ce que le film Oublier Palerme de Francesco Rosi (1990) met en lumière : la politique occidentale est gangrenée par la Pègre, la Pieuvre… On peut être tenté de ne voir dans les activités de Maxwell et son acolyte Epstein que la marque de la mafia juive ; mais on n’a pas affaire là à une version modernisée du film de Sergio Leone Il était une fois en Amérique (1984), qui dépeint les actes peccamineux d’individus venus de la Mitteleuropa juive, David « Noodles » Aaronson et Maximilian « Max » Bercovicz.     (À suivre).