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Une Histoire du Nationalisme Arabe

Par Olivier Perceval

Le phénomène Charles Saint-Prot a encore frappé.

Bon, on ne va pas présenter Charles Saint-Prot ici. Il est des nôtres. Maurrassien et donc nationaliste intégral, il a un faible pour le monde arabe qu’il étudie depuis longtemps, bien avant que les problèmes d’immigration incontrôlée et massive viennent perturber la vie quotidienne des Français, mais aussi perturber la perception plus lucide que la diplomatie française avait encore, il n’y a guère, au profit de jugements sommaires et épidermiques. Cette diplomatie, sur notamment l’équilibre des forces au moyen orient, est, avouons-le, plus conforme aujourd’hui à la vison impérialiste que tente de nous imposer sur ce sujet comme tant d’autres la composante anglo-saxonne de l’Occident.

J’ai rarement lu chez un auteur un panégyrique du nationalisme aussi complet que dans la dernière livraison de notre ami dans : « une histoire du nationalisme arabe ». C’est avec le plus grand plaisir que je cite ce passage de son introduction : « Le nationalisme est tout simplement un système de pensée renvoyant à la réalité du fait national, irremplaçable et indépassable. Organisant la réflexion sur l’Homme autour du concept de nation, le nationalisme prend en considération le citoyen concret et non l’individu abstrait. » Puis s’ensuit un éloge de Charles Maurras : « Comme son cher Démosthène, il mettra toute son énergie à combattre cette mort qui signifie la fin de l’humanité » et de citer les premiers ouvrages du maître, comme « le chemin de Paradis » ou « Anthinéa ».

Comme le nationalisme n’est pas une simple invention théorique, mais s’inscrit dans la nature des peuples, dans leur génie et leur histoire propre, le nationalisme arabe n’est pas seulement un concept, mais un héritage, ou plutôt la prise de conscience d’un héritage commun qu’il faut préserver, voire reconstruire pour rétablir la primauté du bien commun.

Sans doute, au début du 20ème siècle, le vacillement de l’empire ottoman offre-t-il une occasion à des intellectuels arabes de mettre en avant les revendications d’un peuple dominé et humilié par les maîtres de la « Sublime Porte ».  Mais l’intervention des puissances occidentales eut en partie pour effet de disperser, voir créer des antagonismes qui retarderont la reconstruction tant désirée des confins du moyen Orient jusqu’aux rives de l’Atlantique.

Ce livre se lit comme un roman à rebondissements où l’on assiste aux succès comme aux échecs. On découvre que le nationalisme arabe plaçait l’Islam bien à sa place comme religion et culture, mais ne laissait pas les islamistes détourner la religion pour en faire une force de destruction du vivant.

Du reste cette pensée nationaliste s’incarnera dans le Parti Baas, pour lequel Michel Aflack l’inspirateur, lui-même chrétien, s’opposait à toute force à une vision totalitaire et condamnait l’impérialisme allemand, qui n’avait rien de « Nazional » puisqu’il s’en prenait aux nations historiques, et cherchait même à anéantir d’autres peuples.

Plus près de nous, celui qui réussit à amener son pays vers une certaine prospérité, en développant la modernisation technologique, mais aussi l’université, les hôpitaux, le droit des femmes, le respect des religions non islamiques, la protection des Kurdes, les échanges internationaux, en refusant l’alignement systématique sur les deux puissances mondiales qui se partageaient le monde, était un disciple de Michel Aflack, le dénommé Sadam Hussein, auquel l’ouvrage rend justice. Pour les besoins de leurs propres causes, Washington et ses vassaux occidentaux en firent un monstre et brisèrent une des nations les plus prometteuses du Moyen-Orient et commanditèrent finalement l’assassinat de celui qui était l’espoir de l’Irak par des miliciens à leur solde. Ainsi les organisations Islamo-terroristes purent prospérer dans les ruines de ce qui promettait d’être une grande nation.

Certes le conflit israélo-palestinien fut très tôt la toile de fond de cette histoire du nationalisme arabe et probablement que cela compliqua singulièrement la tâche immense de ceux qui s’engagèrent dans cette construction homérique. Mais là aussi, trop de mensonges et de sectarisme ne permirent jamais la constitution d’un État palestinien, alors que des opportunités s’étaient présentées qui ne furent pas saisies.

Pour ma part, je ne sais pas s’il faut envisager le développement d’un panarabisme galopant, comme nous avons pu en Europe assister à nos dépens à l’explosion du pangermanisme, mais pourquoi pas une fédération arabe entre les nations déjà constituées, gardant chacune sa spécificité mais mettant en avant la culture, la langue, et les richesses historiques qui forment l’âme d’un grand peuple.

Charles Saint -Prot nous offre ici un tableau précis, détaillé et passionnant d’une histoire étonnante que beaucoup d’entre nous ignorent pour l’avoir simplement survolée et qui explique les enjeux géopolitiques de cette partie du monde exposée à des dangers qui pourraient avoir des effets bien au-delà de ce côté de la Méditerranée.

« Histoire du Nationalisme Arabe » aux éditions Karthala. Broché 25 euros. (En vente à la librairie de Flore : https://www.librairie-de-flore.fr/motclef/action-francaise/)