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Marseille : laboratoire ou poudrière ?

Par Michel Corcelles  

Il y a loin de l’anisette de Pagnol à la kalach des quartiers nord. Lors d’une réunion d’élus il fut posé à une maire adjointe de Marseille la question de savoir si lors de la constitution des listes électorales municipales (dont on connaît la bigarrure ethnique) chaque parti choisissait parmi ses membres des candidats représentatifs des différentes communautés et susceptibles donc d’en obtenir le vote. Il fut répondu que, sans que cela fût exclu, la pratique courante était inverse : chaque parti prenait contact avec les dirigeants communautaires afin qu’ils désignent des colistiers ayant un profil compatible avec la liste du parti solliciteur. À la remarque que cette pratique était peu compatible avec les canons de la démocratie républicaine il fut répondu que « À Marseille c’est comme ça depuis 2000 ans ». 

Ce n’est pas d’hier que les communautés grecque, libanaise, juive, corse, arménienne après le génocide, donnent à Marseille son caractère propre provençal. Aujourd’hui les communautés ont crû en volume et en diversité. Les Italiens, les Espagnols sans oublier les Pieds Noirs (1962), conservent des traits propres mais se sont relativement indifférenciés devant des apports algérien, comorien (environ 120 000 personnes), marocain, tunisien, sénégalais et camerounais mais aussi malien, malgache ou béninois. De toutes les villes d’Europe, Marseille passe aux yeux de beaucoup pour la capitale de l’insécurité et il est vrai que règlements de comptes avec mort d’hommes y sont monnaie courante. Eu égard à la population de la Métropole Aix Marseille loin derrière le Grand Paris, on est en droit de considérer que Marseille, est bien, per capita, depuis bientôt un siècle, la « capitale » du crime, et bien avant qu’elle ne soit devenue une mosaïque ethnique. Toutefois à la différence de ce qui se passe dans bien d’autres villes la violence pour être plus grande à Marseille semble moins qu’ailleurs liée à des confrontations de type ethnique mais beaucoup plus à de la délinquance de droit commun (drogue, vols, corruption…). 

Le 23 Août 2021, à l’initiative du Consulat général du Sénégal à Marseille, avec le soutien du Partenariat Eurafricain et surtout de Mme Marion Bareilles maire des XIIIe et XIVe arrondissements de Marseille ou d’Arafa Mbae présidente de Mayesha Espoir, et la participation de Serge Barcellini, président général du Souvenir français*, de M. Palmisano, président de l’UNC/Marseille, s’est tenue une cérémonie d’hommages aux Tirailleurs sénégalais suivie d’une réception avec interventions des consuls du Cameroun et de Madagascar. Cette manifestation est destinée à avoir des prolongements dont le plus spectaculaire sera, comme l’a annoncé M. Abdourahmane Koita, consul général du Sénégal, la duplication à Marseille de la célèbre statue « Demba et Dupont » (Deux combattants blanc et noir de la guerre de 14) sise à Dakar. Le succès de cette manifestation, un 23 août ! montre que les valeurs ont une vertu pacificatrice (et mobilisatrice !) quand elles cessent d’être des abstractions pour devenir des références éthiques et charnelles, comme le patriotisme, la mémoire des combats communs ou encore le respect des cultures et des traditions.

*envoi du texte du discours de Serge Barcellini sur demande à partenariats@souvenir-francais.fr

Extrait du bulletin hebdomadaire de l’agence ACIP n° 1883 du lundi 13 septembre 2021