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Giscard l’immortel

Par Camille Berth

Jeudi 11 décembre 2003, un improbable « Comité Bokassa de soutien à la candidature de Giscard à l’Académie française » fit irruption place de l’Institut au 23, quai de Conti.

La fanfare des beaux arts de Paris était présente aux côtés de l’Action française…

L’académie française avait encore en mémoire le chahut estudiantin au moment de l’élection de Charles Jonnart. Autre temps, autre victime, mais toujours l’AF en première ligne. Giscard au fauteuil n°16 ? Celui de Maurras, Lévis-Mirepoix, Senghor ? Sous les acclamations de « Bokassa pas manger petit enfant ! », « Bokassa innocent ! » Giscard fut accueilli comme il se doit. Le précis de Foutriquet fut dans toutes les mains. Etions-nous seuls à la manœuvre ? Cette opération fut financée par un certain… Angelo Rinaldi. Messmer, chancelier de l’Institut, ancien Camelot du Roi, nous avait, pour sa part, promis une impunité.

Notre banderole « Comité Bokassa, les diamants sont éternels » à peine exposée que des policiers arrivent de partout avec de nombreux journalistes. Les policiers essayent d’arracher la banderole que je tiens avec un certain Hugues de Malval. Soudainement, nous avons l’idée de nous mettre au sol en tenant toujours la banderole et en criant « Arrêtez de nous matraquer » mais aussi « Giscard toujours vert ! » Les images firent le tour des rédactions…

« Badame, Bademoiselle, Beussieur ! »

Chassé par les Français comme un domestique indélicat le 10 mai 1981, Valery Giscard (également dit d’Estaing) fait sa rentrée dans l’Histoire par la porte de l’Institut. Pour les enfants des écoles, les étudiants de l’Université parisienne, les travailleurs de la classe moyenne inférieure et les intermittents du spectacle qui organisent aujourd’hui une kermesse de soutien en sa faveur sur le Pont des Arts, sa candidature à l’Académie française est une belle revanche. Entre ici Giscard outragé, Giscard brisé, Giscard martyrisé !

Giscard sous la Coupole, c’est un retour inespéré aux seventies… Le bon vieux temps où on flinguait les ministres, où l’Elysée organisait des safaris chez Mobutu et Bokassa, où les plaquettes de diamants de 39 carats circulaient dans les valises diplomatiques.

VGE déclarait il y a trente ans : « Je suis sûr que la postérité ne gardera aucune image de moi »

Messieurs les Quarante, donnez-lui tort !

Les fantômes de Broglie, Boulin et Fontanet sont à vos côtés. Comme les électeurs de la seconde circonscription du Puy-de-Dôme avant vous, votez Giscard !

Faites de lui un Immortel !