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La souffrance du Liban

Par Charles de Meyer, président de SOS chrétiens d’Orient.

Je suis de retour en France après une semaine passée au Liban pour apporter impulsion et soutien à nos équipes locales. Si les dégâts matériels sont impressionnants dans les quartiers de Mar Mikhaïl, la Quarantaine, Gemmayzeh et globalement les alentours du port, c’est la désespérance, et sa conséquence migratoire, qui est la plus à craindre. Comment croire à un avenir meilleur quand la crise, sous ses formes scolaires, monétaires, alimentaires et même sanitaires, forme l’horizon indépassable de bien dès existence ? Nos volontaires sont investis au quotidien pour combattre cette envie de départ. Partir pour les études des enfants, pour la situation professionnelle, pour poser un acte politique de défi au pouvoir. Partir parce que la contrôle des changes et l’inflation réduisent à néant les économies d’une vie . J’ai pu voir les yeux du jeune fiancé de la pompier volontaire originaire d’Al Qaa. Chapelet enroulé au poignet, il regardait la vierge qui trône au sommet du village. Sentit-il le terrible réconfort de sa compassion ? Ce discours se double d’une exaspération sensible au sujet des réfugiés présents dans le pays et globalement sur la coexistence religieuse. Certains reprennent un discours politique aspirant à un État chrétien, d’autres continuent de faire primer la restauration d’une véritable souveraineté comme remède aux maux qui affligent le Liban. Cette situation est profondément inflammable. Les ingérences étrangères conduisent mécaniquement à la radicalisation des antagonismes. Pire, certains sont tentés de présenter la democratie libérale et son contenu idéologique comme seule solution aux défis du Liban. Qui peut croire que cela ne provoquerait pas l’implosion du pays ? Les Libanais ont suffisamment d’ingéniosité pour construire leur voie , s’ils parviennent à renouveler les cadres qui dirigent leur société et à ne pas se laisser happer par les pièges idéologiques de la « communauté internationale ». Sos chrétiens d’orient prend sa part : déblaiement, distributions alimentaires, soutien à des écoles qui n’ouvriront pas sans notre mobilisation. Après une année très délicate pour nous, les cadres de l’association ont eu le ressort de se projeter en urgence pour répondre au traumatisme de l’explosion du port de Beyrouth. Nous ne nous sommes pas trop embourgeoisés…Sur place , les volontaires sont à pied d’œuvre, dotés de moyens inédits pour nous au Liban , et assistés spirituellement par le père Favelin de

Vincent Ferrier

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