Par Olivier Perceval
Bon, tous les spécialistes qui s’expriment sur les plateaux télé, qu’ils soient médecins ou chroniqueurs sportifs, sont d’accord sur un point : Grâce au confinement le virus recule ! Je ne tiens pas compte bien sûr des irresponsables iconoclastes prétendant qu’il n’y a pas de grandes différences,en terme de résultats, entre les pays confinés et ceux qui n’ont pas appliqué le confinement drastique que nous connaissons. Mais attention, à la moindre petite négligence faisant suite aux premiers instants prudents de dé-confinement, on nous fait bien comprendre que cela repartira de plus belle. Alors gare !…
Du reste, avec les nouvelles effrayantes déversées par le discours étatique et médiatique depuis plus de deux mois, les Français ont les chocottes (Sondage IFOP du 27 mars : 77% confient avoir peur d’être contaminé par le Covid-19 en sortant simplement de leur domicile).
Mais que faisaient les froussards durant le confinement ? : Ils restaient sagement enfermés entremblant (et accessoirement se rendaient utile à la collectivité en dénonçant à la police les mauvais citoyens observés de leur fenêtre) et ne sortaient que par extrême nécessité en essayant de se protégerun maximum. Pourtant, l’on sait que le taux de létalité (nombre de décès/ nombre de personnes atteintes) par COVID 19 est situé entre 1 et 2% selon les meilleures sources et concerne surtout les personnes fragiles et / ou atteintes par une autre pathologie. Quant au taux de mortalité (nombre de décès/population), il est très faible mais difficile à déterminer, les tests étant peu nombreux…
On peut donc se demander si on n’en n’a pas fait un peu trop, car ce n’est pas la première épidémie que nous subissons, et d’autres, comme la terrible grippe de Hong Kong fut à la fois bien plus mortelle et à contrario fort sous-estimée par les pouvoirs publics comme par les médias. Mais au moins, la peur ayant été épargnée aux Français, il semble que leur réaction commune, finalement fut plus dynamique et plus saine… Nous infliger Jérôme Salomon tous les soirs avec sa tête de mandarin satisfait, porteur de mauvaises nouvelles et fier de l’être, égrenant les morts et les personnes hospitalisées, sur un ton monocorde et dans un rituel immuable, c’est à coup sûr peser lourd sur le moral de certains Français fort préoccupés par leur santé physique. Ne parlons pas des ordres et contre ordres du gouvernement et la cacophonie du corps médical, vecteurs d’inquiétudes et de stress… C’est pourquoi, nous ne sommes pas étonnés en ce premier jour de dé-confinement de découvrir dans le Parisien que « 54% de français ont davantage peur de mettre leur santé en danger en retournant travailler, que de voir leurs finances en péril en restant à la maison. »
Pourtant tous redoutent par ailleurs la crise économique provoquant l’effondrement de nombreuses entreprises. La peur est une excellente auxiliaire pour les pouvoirs autoritaires résolus à museler toute opposition, sans trop en avoir l’air. Un pouvoir de ce genre pourra s’appuyer en toute fiabilité sur les donneurs de leçon médiatiques qui font l’opinion. En effet, au nom de « l’union sacrée », il était enjoint au peuple de la fermer car « ce n’était pas le moment ». Mais il n’en sortira pas pour autant une « chambre bleu horizon », car ce n’est pas la patrie, bien collectif et historique, qui est menacée aujourd’hui, mais l’intégrité physique de citoyens matérialistes, préoccupés uniquement par leur bien être individuel et terrorisés par le spectre de la mort. Comment s’en étonner en l’absence de toute spiritualité. Pour ne pas perdre la face cependant, on fera vibrer la corde sentimentale, solidaire et humanitaire, en organisant le rituel de l’applaudissement de 20h (manifestation spontanée au départ, mais vite prise en main par les médias et les pouvoirs publics) ce qui agit un peu commeune catharsis sur la peur et donne le sentiment à peu de frais d’avoir participé à la lutte collective contre le méchant virus qui « ne fait rien que de nous embêter », nous les gentils obéissants à toutes les injonctions de l’État, avec un zèle dont nous sommes fiers. Gageons que ces manifestations répétitives laisseront des souvenirs pour ceux qui y ont participé, lesquels raconteront en famille, si les familles existent encore, ces moments de gloire, il y aura même peut-être des associations d’anciens applaudisseurs…
Notre société est bien malade, et cette pandémie est un révélateur de la profonde crise morale qui la traverse. Quand Jean de La Fontaine décrit un trait de caractères significatif, à son époque, de la montée de la bourgeoisie et de l’affaiblissement de la noblesse, il montre très bien un état d’esprit devenu norme aujourd’hui.
Un Lièvre en son gîte songeait
(Car que faire en un gîte, à moins que l’on ne songe ?) ;
Dans un profond ennui ce Lièvre se plongeait :
Cet animal est triste, et la crainte le ronge.
« Les gens de naturel peureux
Sont, disait-il, bien malheureux.
Ils ne sauraient manger morceau qui leur profite ;
Jamais un plaisir pur ; toujours assauts divers.
Voilà comme je vis : cette crainte maudite
M’empêche de dormir, sinon les yeux ouverts.
Corrigez-vous, dira quelque sage cervelle.
Et la peur se corrige-t-elle ?
Je crois même qu’en bonne foi
Les hommes ont peur comme moi. «
Ainsi raisonnait notre Lièvre,
Et cependant faisait le guet.
Il était douteux, inquiet :
Un souffle, une ombre, un rien, tout lui donnait la fièvre…
Le lièvre et les grenouilles, de Jean de Lafontaine (extrait)
Qui mieux que le fabuliste pouvait dépeindre ce sentiment, encore plus partagé aujourd’hui que naguère, du fait de l’anomie, du désordre moral et de l’inversion des valeurs.
La peur est vraiment un virus terrible car il engendre immanquablement la haine, la lâcheté, la perfidieet finalement la trahison. C’est cela qu’il va falloir combattre demain en redonnant une âme aux Français, en mettant en évidence notre histoire commune pour construire notre avenir commun, basé sur nos valeurs fondatrices, et qui a pour nom : France.